Comment je vois mon rôle dans une discussion philosophique ?

par Gilbert Talbot

    Pour le premier cours, qui est une introduction à la philosophie, durant la première moitié de la session, j’anime les discussions à partir de la lecture d’un petit roman philosophique, que j’ai écrit pour les étudiantEs de cégeps. Dans la première partie de la discussion, le rôle de l’animateur est de faire lire chacun des participantEs, donner les tours de paroles, faire inscrire les questions au tableau, faire choisir une question par la classe.
    La seconde partie consiste en une discussion sur la question choisie. Mon rôle alors est de partir de cette question pour que la communauté de recherche se forme progressivement par l’échange de points de vue et le débat sur ces différents  points de vue. Il s’agit alors pour moi de faire préciser les raisons pour lesquelles l’un soutient tel point de vue et pourquoi unE autre participantE soutient un autre point de vue. Je dois faire rendre clair les points de vue, les contradictions internes à un point de vue et  les contradictions entre les points de vue. Je dois aussi demander des exemples, des clarifications, faire des synthèses partielles et une synthèse globale à la fin. Évidemment, je suis aussi en charge de la discipline dans la classe et je dois  m’assurer que chacunE a eu la possibilité d’émettre son point de vue au moins une fois.
    Enfin, je dois mettre en évidence la méthode de communauté de recherche que j’utilise pour que la classe puisse s’en approprier progressivement. Après la mi-session ce sont des animateurs étudiantEs qui vont prendre les discussions en charge. Je deviendrai alors un participant plus ou moins comme les autres, car je me garde tout de même le rôle d’aide, de dernier recours si la discussion dérape trop.
    Il y a une autre partie du cours, sans discussion celle-là, qui porte sur l’origine de la philo et une introduction à la logique. Cette partie se donne sous forme d’atelier conventionnel.
    Le second cours porte sur l’être humain. L’approche demeure sensiblement la même, jusqu’à la mi-session. Cependant, ici ce sont les étudiantEs en équipe qui font une recherche sur unE philosophe. La seconde partie du cours est une présentation créative de deux philosophes qui s’affrontent au cours d’une mise en situation inventée par les équipes.  Dans ce cours, mon rôle est simplement celui de l’animateur comme dans le premier cours, puis d’encadreur des recherches et des présentations.
    En général, je partage le rôle d’évaluateur avec la classe et avec les personnes individuellement.

    Dans ma thèse de doctorat, j’ai intitulé cette approche d’esthétique de type socratique, c’est-à-dire que je pars toujours d’une oeuvre de création, en l’occurrence la mienne ou celle d’unE étudiantE, que nous discutons par la suite, pour en dégager, par la discussion, les concepts philosophiques qu’on veut développer. Et j’évite le cours magistral comme la peste.