Gérard Auguet - Le rôle du maître (Extrait du DEA 2000)

Enfin, il n’est pas question de négliger le rôle de l’adulte puisqu’il n’est pas de loi sans garant, ni qui soit reconnue comme valide si elle n’apparaît pas comme la garantie d’un gain pour chacun et pour tous.

Jamais le pouvoir du maître ne se manifeste de façon arbitraire, et lorsque l’une de ses interventions peut paraître frustrante, comme en C7 - 112, c’est en référence à un temps accordé au débat qui a été préalablement défini. Toute son activité est en fait centrée sur l’étayage de la situation :

L’enrôlement

Il s’agit d’aider l’élève à accomplir la tâche qu’il souhaite. Participent de cette fonction :

La prise en charge par l’animateur de la gestion des moments d’ouverture et de clôture des transactions.

La stratégie de rappel par le moyen de diverses formes d’anaphoriques et / ou de déictiques.

La prise en charge de la progression thématique notamment au moment des séquences transitionnelles.

La prise en charge de la cohérence : représentations, problématisation, argumentation, conceptualisation.

La réduction du degré de liberté

L’ensemble des actions à accomplir devient une astreinte.

L’animateur est garant des règles du débat et rappelle ces règles s’il y a transgression manifeste.

Il intervient comme énonciateur premier dans des paires adjacentes afin d’induire un type d’énoncé.

Maintien de l’orientation

Il s’agit d’inciter l’élève à poursuivre la tâche.

Jouent ce rôle : les reformulations synthétiques suivies d’une question, qui relancent le débat.

Les sollicitations individuelles, les marques phatiques de réception.

Les encouragements.

L’acceptation du silence et celle de l’erreur.

Signalisation des caractéristiques pertinentes

Il s’agit d’indiquer à l’élève ce qui est pertinent par rapport à la tâche en cours.

Jouent ce rôle les énoncés de l’animateur qui valident ou invalident une intervention selon des modalités plus ou moins appuyées : manifestation phatique, intonation, rappel.

Contrôle de la frustration

Il s’agit d’éviter les blessures narcissiques en cas d’échec.

Relèvent de ce contrôle les énoncés de l’animateur qui tendent à valider partiellement un énoncé peu pertinent ou incomplet, en le réinscrivant dans un cadre où il sera porteur d’une problématique.

Ceux où il dresse un bilan des apports pertinents.

Démonstration

Il s’agit de montrer ce qu’il y a à faire.

Pas de trace évidente d’une intervention de ce type qui induirait une confusion de rôles et un changement de statut du débat. Tout au plus, en C7, peut-on constater que l’animateur intervient pour reprendre en main le débat, mais si démonstration il y a, elle s’adresse aux élèves animateurs et non aux participants.

Dans les huit débats, le degré d’étayage est fort variable : il atteint son maximum en C1 et C2 et son degré le plus bas en C6, ce qui peut s’expliquer par l’âge plus élevé des élèves et donc par une autonomie plus grande.

La capacité de l’animateur a étayer le débat fonde sa crédibilité et contribue donc à renforcer la légitimité qu’il tient de son rôle, de sa fonction et de son statut d’adulte.

Il offre ainsi aux enfants un modèle de ce que peut être un comportement fait à la fois de rigueur et d’écoute, contribuant ainsi à fonder les lois ( linguistiques et comportementales ) de l’échange et à en démontrer la productivité et le pouvoir libérateur.

Date de création : 03 septembre 2002
Date de révision :
redaction@pratiques-philosophiques.net