Petite analyse comparative des textes concernant
le rôle du maître dans la discussion à visée philosophique à l’école
primaire.
De Jeanne
Claude Mori, institutrice à Mulhouse
A la lumière des textes lus, concernant le débat philosophique, j’ai découvert
des similitudes mais aussi des différences dans les manières de concevoir
le rôle du maître. Ceci m’a d’autant plus apporté et donné à réfléchir
que mon “ regard ” sur la question était plutôt naïf (sans
apport théorique, sans lecture préalable). Cf. mon texte de la première
phase de cette recherche.
Les points semblables concernant le rôle que doit tenir le maître durant le
débat philosophique sont les suivants :
- Le
maître sélectionne le ou les supports de réflexion initiaux :
un texte narratif plutôt qu’analytique ou une question philosophique.
L’un ou l’autre pouvant être accompagné d’une peinture, ou tout autre
support catalyseur de pensée philosophique.
- Le
maître organise spatialement le lieu du débat (en cercle) pour favoriser
les échanges, la communication.
- Le
maître met en œuvre une véritable co-construction du savoir, une co-reflexion,
le savoir s’élabore au sein d’une véritable communauté de chercheurs
(ce terme est employé dans de multiples textes). Il s’agit d’apprendre
à penser, d’être (“ Je pense donc je suis ”). Ainsi le maître
permet à ses élèves de penser de façon autonome, développer ainsi
chez eux une compétence de l’ordre du savoir-faire.
- Le
débat philosophique doit permettre à l’enfant de faire l’expérience
de la justice.
- Enfin
on s’accorde à dire qu’une nouvelle identité professionnelle de l’enseignant
se dégage à travers le débat philosophique, ce qui entraîne un nouveau
style de métier d’élève.
Le degré d’implication du maître dans le débat philosophique paraît beaucoup
moins évident et c’est là, à mon avis, que se situe la principale différence
dans les conceptions de chacun du rôle du maître.
J’ai essayé de qualifier
ces degrés d’implication du maître du plus abstentionniste au plus
interventionniste ou du plus laxiste réflexif au forçage maieutique
(pour reprendre les expressions très évocatrices du texte n° 28).
- (moindre)
Degré d’implication du maître
+
|
|
§
S’effacer (“ plus
il parle, moins ils parlent ” Cf. texte n°26)
|
§
“ De créer,
de faire apparaître le manque pour qu’émerge le désir de savoir ”
(texte n°33 (quelle jolie expression !).
|
§
Poser des questions,
demander des précisions aux enfants, de développer leurs idées
de façon plus explicite.
|
§
Etre médiateur.
|
§
Guider les enfants
par rapport au contenu et la progression dans la réflexion (texte
n°18).
|
Une autre question reste en suspend, le maître doit-il articuler le débat en
plusieurs phases temporelles afin de laisser l’occasion à l’enfant de
penser par lui-même de se faire une opinion préalable sur la question ?
Ou alors cette réflexion peut elle se faire “ à vif ” lors
d’un débat unique dans la mesure où tout est conçu pour qu’il pense
librement ?
Enfin les avis divergent concernant la question : faut il être expert en
philosophie pour être à même de “ gérer ” une discussion à
visée philosophique ?
Je n’ai pas pu constaté de réelles divergences de style excepté peut être lorsqu’on
parle d’enquête philosophique (texte n°27a) et de recherche philosophique
ce qui signifie pour moi la même chose.
Un clivage de fond peut cependant apparaître sur la question de la reformulation.
Quel est l’objectif du maître lorsqu’il décide d’intervenir par ce biais
dans le débat ?
-
Est-ce construire des valeurs qui forment le développement des
capacités des enfants à vivre et à apprendre avec les autres ?
(Cf. texte n°13)
-
Ou bien s’agit-il d’une régulation par rapport à ce qui est dit
avec interdiction de tout jugement positif ou négatif (Cf. Meirieu)
et ceci dans l’objectif de faire progresser la réflexion philosophique.
J’ai pu observé également un autre clivage du point de vue du support de départ
sur lequel la communauté de chercheurs se base pour initialiser le débat.
Pour certains, une question philosophique générale suffit, d’autres
ont le soucis de lier cette question avec le vécu de la classe. Dans
beaucoup de textes, ce point n’est pas abordé mais me paraît cruciale
dans la mesure où ceci peut influer sur la motivation des enfants à
entrer dans la réflexion philosophique.
Ce travail d’analyse comparative m’a permis de réfléchir un peu plus théoriquement
sur ma pratique. Je pense avoir trouvé ma façon de gérer le débat philosophique
dans ma classe, ayant ainsi pris plus conscience de ses tenants et aboutissants.
Malheureusement (de ce point de vue !), je suis prise par le temps…
Je devrais accoucher d’un deuxième petit d’ici un mois. Je n’aurai donc
pas le temps de lire vos textes d’analyses comparatives ! Je vais
donc manquer une étape de la recherche.
En conséquence, à la lumière de vos textes de la première phase de cette recherche
mais aussi avec l’expérience des débats hebdomadaires menés avec ma
classe, au premier trimestre, je pense, (si j’en ai le temps !),
écrire un autre texte expliquant ma manière de mettre en œuvre les débats
philosophiques dans ma classe à l’avenir…
En tous les cas, je vous souhaite à tous une bonne continuation dans cette recherche,
en attendant de vous lire plus tard…