Le rôle du maître
dans la discussion à visée philosophique
Peggy Montero, en maîtrise de sciences
de l’éducation sur la DP
Analyse :les points semblables ,socle
commun, les différences,les nuances.
Le rôle du maître varie en fonction de la conception
que l’on se fait de la pratique des ateliers de philosophie. En premier
lieu, il est intéressant d’observer le protocole ou dispositif mis
en place. En ce qui concerne ce paramètre, il y a peu de variations
en règle générale. La classe est disposée en cercle afin que chacun
puisse se voir et s’écouter. Il peut y avoir une division des élèves
en deux groupes afin d’affiner la qualité des échanges. Dans ce cas
là, nous avons un groupe de participants et un groupe d’observateurs.
Les rôles de président de séance, reformulateur et synthétiseur ( ou
secrétaire) sont modulables en fonction des textes. En effet, se n’est
pas toujours le maître qui occupe ces rôles (comme dans les textes 14,
16, 24,26) et les élèves chez la plupart des enseignants( T1,4,5,7,8…21,31,32)
sont les acteurs principaux de ces moments démocratiques. Pour certains
(T 10 ,11,22, 26), des supports littéraires sont usités, tels
que les romans philo (Lipman), les livrets de la collection « goûters
philo » ou bien des extraits de la littérature de jeunesse. Tout
ceci dans le but de donner une amorce au sujet débattu.
Se
pose alors la question de la position du maître dans la prise de
parole. Pour les textes 1,2,4,31,32, il est évident que l’enseignant
doit garder le silence afin de favoriser les échanges entre les élèves.
Selon Christine Vallin (T 30) ,on ne peut envisager qu’une disparition
partielle du maître , dans la mesure où il paraît impossible pour
l’adulte de s’effacer complètement au risque, comme le souligne Roiné
Chritophe (T 26) , d’obtenir des échanges d’une grande pauvreté. Ainsi,
il serait nécessaire d’entrevoir une participation discrète de l’enseignant
(T 8, 14, 16, 18,21,26, 23,29). D’ailleurs, l’adulte occupe une place
indispensable en tant que garant des règles, lois et du respect.
La majorité des auteurs de ce corpus s’accordent
à dire que l’enseignant a pour rôle de mettre en œuvre les exigences
du philosopher dans l’esprit d’une « éthique communicationnelle ».
Il s’agit pour les textes 2,3,7,8,12,14,15,19,21,24, 31, 32, 33,
de créer un espace propice aux échanges entre pairs dans lequel il sera
essentiel que chacun puisse s’exprimer en toute liberté dans le respect
des autres. Ce rapport à l’autre s’intègre donc dans un processus de
socialisation (apprendre à débattre). Le débat cherche alors non à
convaincre mais bien à vivre ensemble.
L’adulte :
« accoucheur d’une pensée ».
En ce qui concerne ce paramètre, au travers des
textes, les points de vue sont partagés. Beaucoup rapproche le rôle
du maître à celui du paîdagogos grec(21), sorte de guide, accompagnateur
sécurisant (32), adulte éducateur qui doit dès lors penser sa propre
fin ( à rapprocher des travaux de J.B Paturet) (11), accoucheur d’une
pensée pour J.F Chazerans : un maître « catalyseur »,
facteur déclencheur qui « libère et non celui qui enferme, qui
rend autonome, qui fait penser par soi-même » (9), // (13) rôle
du masque au sens grec : ironie eironeia action d’interroger en
feignant l’ignorance, « éveilleur de conscience » qui accompagne
sur le chemin des idées (10), « observateur actif »(25) qui
doit avoir la « capacité d’accueillir , de solliciter, de prendre en
compte la parole de chacun » selon A. Bouillet. Seul divergence,
Carraud Françoise (8), pour qui il n’est en aucun cas question d’une
maîeutique, l’enseignant est simplement là pour permettre l’expression
des échanges.
Néanmoins,
pour tous, il s’agit de parier sur l’éducabilité cognitive des enfants,
en cherchant à développer à la fois une construction personnelle de
chaque individu, une réflexion argumentée et le goût de la curiosité
(1,17,12,3,8,16,21,22…). En effet, le mandat éducatif de l’enseignant,
peut se définir ainsi, selon M. Sasseville « créer des conditions
favorables à l’avènement de la création d’une communauté de recherche ».