Le rôle du maître dans la discussion à visée philosophique

Analyse des contributions par Sylvain Connac

Dans le cadre d’une recherche animée par Michel Tozzi et Jean François Chazerans sur le rôle du maître dans les discussions à visée philosophique, 35 personnes y ont participé par l’intermédiaire de contributions écrites et visant la présentation de ses propres conceptions relatives à cette problématique. Ce groupe est constitué d’une moitié de praticiens (enseignants et enseignants en cours de recherches universitaires) ainsi qu’une d’une moitié de personnes n’ayant pas ou plus la responsabilité d’une classe d’enfants ou d’adolescents (chercheurs, étudiants, conseillers pédagogiques ou formateurs IUFM). Les praticiens évoluent pour la grande majorité dans des classes d’écoles élémentaires, très peu sont en école maternelle. Une participante est enseignante en collège et quelques autres travaillent en SEGPA avec des adolescents.

Le nombre important des contributions amène une richesse conséquente des idées concernant ces moments à visée philosophique. Je développerai ici trois composantes qui me sont apparus comme intéressantes à présenter.

Tout d’abord, il m’a paru évident que malgré la relative clarté du thème énoncé, le rôle du maître dans les discussions à visée philosophique, chacun n’apporte pas des éléments de réponses aux mêmesans un premier temps que celui-ci recoupe plusieurs préoccupations, ce qui fait certainement l’essence de sa problématique. On peut ensuite avancer l’idée que du point de vue d’où l’on parle, que l’on soit enseignant, praticien chercheur, chercheur, formateur, déchargé de classe ou pas, les préoccupations ne sont pas les mêmes et colorent notre premier champ d’exploration de nos conceptions. J’émets l’hypothèse que si les contributions n’étaient émises que par des praticiens, le champ des valeurs suscitées par ces pratiques aurait été beaucoup moins développé que ce qu’il a été fait, et inversement concernant les questions liées aux pratiques si le panel des contribuants n’avait été que des personnes sans élève.

J’ai ainsi pu dresser une première typologie de ce questionnement global, celle-ci étant ici présentée sans aucune logique hiérarchique. Certaines questions sont relatives à l’activité du maître pendant ou autour des discussions : c’est ce que nous avons nommé l’approche praxéologique. D’autres questions concernent les intentions suscitées par ces pratiques : l’approche axiologique. De nombreuses contributions s’intéressent au contexte dans lequel les enseignants se lancent dans ces moments philosophiques : formation, préparation et situations d’amorce des échanges. D’autres interventions posent la question du cadre dans lequel ces discussions peuvent se dérouler : c’est ce que nous avons appelé l’approche médiationnelle et référence aux travaux des pédagogies institutionnelles sur l’institution comme instrument de médiation, la règle étant une institution parmi d’autres. Enfin, la question de l’évaluation des pratiques par le maître est apparue, cela constitue le 5ème type de questionnement.

Approche praxéologique : l’activité du maître

1.   Que fait le maître pendant la discussion ?

2.  Quelle est la place du maître dans les processus de pensée ?

3.  Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

4.         Quelles sont les fonctions du maître dans la DP ?

5.  Le maître donne-t-il son avis ?

6.  Quels sont les soucis de l’enseignant pendant les DP ?

7.  Quelle est la place de l’intervenant ?

8.  Quel lien avec les autres moments de classe ?

9.  Y a-t-il recours à des textes ?

Approche axiologique : les intentions de la discussion à visée philosophique

10.         Quelle(s) visée(s) pour la DP ?

11. Quelle est la visée première de la DP ?

12. Quel est l’impact de la DP dans la relation pédagogique ?

13. A quoi sert la parole dans les DP ?

14.         Qu’est-ce qui fonde la forme du dispositif pédagogique choisi ?

Approche contextuelle : pour débuter des discussions philosophiques

15. Quels sont les pré-requis pour l’enseignant ?

16. Quelle formation ?

17. Quelle préparation ?

18.         Comment se lancer dans la pratique de la DP ?

19.         Quelle(s) situation(s) de démarrage à la DP ?

20.         Qui choisit les questions des discussions ?

Approche médiationnelle : le cadre de la discussion à la visée philosophique

21.         Quelles sont les règles de la DP ?

22.         Comment se construit le cadre de la DP ?

23.         Qui reformule ?

24.         Quel est le pouvoir du maître ?

25.         Quelle autorité du maître ?

Approche évaluative 

26.         Quelle évaluation ?

27.         Comment évaluer les DP ?

28.         Quels critères pour analyser les DP ?

Nous nous sommes intéressés à présenter, sous forme d’un tableau, pour chaque contribution, la correspondance avec les questionnements soulevés afin d’une part de présenter des congruences entre les préoccupations et d’autres part envisager une poursuite possible à donner à cette recherche. Celle-ci me semblerait à développer dans un premier temps par un élargissement des conceptions individuelles à d’autres questionnements afin que les champs de comparaisons soient plus  fiables (il est difficile de comparer la plupart des contributions dans le sens où elles ne répondent pas aux mêmes préoccupations) et afin, dans un second temps, d’organiser un débat d’arguments à partir de ce qui est émergé comme étant non consensuel.

La deuxième remarque d’analyse concerne les phénomènes d’influences qui me sont apparus à travers ce panel de représentations. Dans de précédentes recherches, nous avions proposé une liste de cinq courants d’approches effectives en matière de pratiques philosophiques avec des enfants. Il se trouve qu’à travers les divers écrits fournis, j’ai pu une nouvelle fois les identifier, ne serait-ce que par les termes employés. Nous avions parlé de la première approche, historiquement parlant, à savoir celle suscitée par les travaux de M. Lipman. Celle-ci apparaît très largement lorsqu’il est question d’une centration sur la pensée critique et la pensée créative de l’enfant, de faire référence à des supports pédagogiques de type conte philosophique pour enfant ou même et surtout lorsque l’on parle de constitution d’une communauté de recherche. Il semble toutefois que pour cette dernière remarque, que nous touchions ici à une premier élément consensuel entre les personnes qui ont contribué. Michel Sasseville la définit comme « un groupe de gens, dans ce cas-ci des enfants qui décident de s’engager dans une recherche à propos d’un sujet qui les intéresse, qui pose problème pour eux. » Toute les références aux groupes d’enfants réunis pour participer à ces discussions semblent être dans cet esprit de communauté de recherche. Ceci apparaît même valable pour ce que nous avons considéré comme une approche pédagogique formelle : celle développée par des personnes comme Anne Lalanne et pouvant être définie comme des entretiens philosophiques de groupe. Le but étant de permettre aux enfants de progresser quant à la maîtrise des processus de pensée philosophique, le maître se doit un guidage fort mais s’appuie sur la présence de cette communauté comme ferment des engagements. Le troisième « courant » auquel il est fait référence ici correspond au dispositif apporté par Alain Delsol et qui apparaît lorsque l’on aborde la question des fonctions occupées par les enfants, notamment à travers les actes de reformulation et de synthèse. La méthode de l’intervenant développée par J.F. Chazerans est également citée lorsqu’il est question d’inviter aux discussions une personne extérieure au groupe classe et reconnue par ses compétences philosophiques. Enfin, et même si c’est un peu plus diffus, le protocole mis en place par le groupe AGSAS est rappelé lorsqu’il est demandé à l’enseignant lors de la première phase de discussion d’intervenir le moins possible afin d’éviter au maximum les phénomènes d’influence de l’adulte sur la pensée de l’enfant.

La dernière remarque d’analyse que nous apporterons concerne un second domaine de consensus qui semble émerger de l’ensemble des conceptions, à l’exception peut-être de celle de Jean François Chazerans. Le groupe semble en effet en accord pour dire que l’une des principales missions de l’enseignant à travers des moments à visée philosophique est d’être intellectuellement exigeant avec les élèves. Ainsi, pour exemple, il ne suffit pas de se poser une question existentielle pour faire acte philosophique mais il s’agit aussi d’adopter une posture mentale particulière guidée dans tous les cas par du doute et du questionnement. Toutes les contributions ne font pas référence aux travaux de Michel Tozzi sur les exigences du philosopher mais la plupart précisent de manières diverses que proposer aux enfants de telles activités, c’est au moins les conduire à une construction d’une pensée personnelle et donc opérer à des travaux pédagogiques dans ce sens. C’est pour cela qu’il nous semble que le discuter philosophiquement est unanimement reconnu comme étant fondamentalement différent d’autres formes de discussion.


Condensé des contributions sur le rôle du maître dans les DP

Juliette ALONSO (AGSAS) : AJ

Le maître doit s’adapter au protocole qui impose le silence ou toute attitude visant l’influence des propos d’enfants.

Les questions sont tirées d’une liste ou des propositions d’enfants reconnues valables

®  20 - Qui choisit les questions des discussions ?

Gérard AUGUET : AG

Le maître est garant de la loi, des règles du débat et du temps. Le maître-animateur gère les moments d’ouverture et de clôture des transactions, il rappelle certaines énonciations, il gère la progression thématique ainsi que la cohérence du discours fourni. Il incite les enfants à s’engager ou à poursuivre un engagement. Il relève les propos pertinents ainsi que ceux qui le sont moins. Le maître est un exemple aux yeux des enfants : il montre ce qu’il y a à faire.

®  01 - Que fait le maître pendant la discussion ?

Clémence BECK : BC1

Le développement de l’identité professionnelle de l’enseignant par le biais des DP est en lien avec le nouveau profil du métier d’élève suscité :

- L’enseignant conserve l’autorité dans la classe afin que les enfants se sentent autorisés ;

- L’enseignant parie sur l’éducabilité cognitive de l’élève et de fait accroît son potentiel d’apprenant et inversement : chacun s’enrichie de la différence de l’autre

®  12 - Quel est l’impact de la DP dans la relation pédagogique ?

Catherine BORDENAVE : BC2

Le temps que le maître se donne pour évaluer son travail importe.

Le maître essaye de s’effacer en n’induisant pas trop les réponses qui lui sont propres. Il accepte de ne pas savoir répondre. Il se charge de la reformulation. L’enseignant prépare les discussions en s’informant sur le thème choisi.

®  27 - Comment évaluer les DP ?

®        01 - Que fait le maître pendant la discussion ?

®        23 - Qui reformule ?

®        17 -  Quelle préparation ?


Thierry BOUR (SEGPA) : BT

La DP tend à instaurer une nouvelle relation maître-élève. Elle crée un rapport non dogmatique au savoir. L’enseignant n’est plus le représentant exclusif du savoir mais le garant de sa construction par l’élève. Il gère la régulation de l’activité afin de permettre l’accouchement socratique.

®  03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

®        12 - Quel est l’impact de la DP dans la relation pédagogique ?

Jacky CAILLIER (Oral) : CJ

Le maître doit s’être clarifié avec les finalités de l’école, ses actualisations et les cadres théoriques précis de la pratique réflexive. Il doit s’être convaincu de ne pas maîtriser totalement le processus d’apprentissage tout en veillant à ce qu’il soit effectif et de ne pas monopoliser la parole. 

Le maître est garant d’un cadre suffisamment sécurisant pour que les enfants s’autorisent à développer une pensée et à l’exprimer par la parole. Il permet l’émergence d’une communauté de recherche. Il pense une organisation pédagogique favorisant la qualité de la réflexivité (durée, variété des moments, variation des formats pédagogiques). Il suscite une mise en cohérence des différents savoirs (possibilité pour chaque élève de se trouver une place dans le groupe, gestion des échanges par les élèves, accès à une dimension méta).

La visée de la DP est l’émergence du point de vue singulier de l’élève.

®  15 - Quels sont les pré-requis pour l’enseignant ?

®        04 - Quelles sont les fonctions du maître dans la DP ?

®        10 - Quelle(s) visée(s) pour la DP ?

Françoise CARRAUD : CF

Le but est de faire advenir la pensée de chacun.

Le maître est garant d’une bonne circulation de la parole dans le groupe, d’une rencontre effective entre les enfants. Il permet l’expression de chacun mais aussi les réflexions intérieures. Les règles sont énoncées par l’enseignant : on peut parler quand on a la parole, on ne se moque pas.

L’aide du maître ne consiste pas en une maïeutique externe à l’enfant mais elle tend à ce que chacun puisse concevoir et engendrer une pensée personnelle.

Les connaissances philosophiques de l’enseignant importent moins que ses capacités à conduire un groupe. Cependant, ses fréquentations philosophiques le conduiront à de nouvelles interrogations et mises en relation.

®  10 - Quelle(s) visée(s) pour la DP ?

®        01 - Que fait le maître pendant la discussion ?

®        21 - Quelles sont les règles de la DP ?

®        15 - Quels sont les pré-requis pour l’enseignant ?

Jean François CHAZERANS : CJF

Le rôle du maître pendant les DP est le même que celui dans la classe. Il est celui qui libère, qui rend autonome. Il permet à l’élève de se détourner de ses anciennes opinions et d’adopter une attitude rationnelle. Il est « ignorant » au sens où il n’est pas un intermédiaire entre l’apprenant et le savoir mais n’est-il pas garant d’un cadre qu’il ne peut toutefois pas enseigner ? Ce sont l’enseignant est les élèves qui, après dialogue collectif, élaborent en commun le cadre qu’ils souhaitent se fixer. La présence d’un animateur étranger à la classe lui permet de devenir un « ferment catalytique. »

L’adulte n’est pas perçu comme un professeur mais comme une sorte de pair à qui ils peuvent s’adresser. Le rôle de l’animateur est de programmer son autodisparition.

®  03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

®        22 - Comment se construit le cadre de la DP ?

Daniel COMTE : CD

Le maître peut s’appuyer sur des textes d’auteurs pour extraire des questions d’ordre philosophique.

Le maître est un éveilleur de conscience et un praticien : une sorte de maître orchestre qui pourtant évite de trop parler.

Dans les processus de pensée, le maître conduit les enfants à trouver des liens entre la notion à décortiquer et d’autres termes qu’ils maîtrisent. Cette catégoricité ne doit tout de même pas entraver le fait qu’il n’est pas question d’aboutir à une réponse vraie ou fausse.

Le maître permet l’expression des opinions et suscite les conflits socio-cognitifs. Il devient alors un accompagnateur dont l’action est guidée par les valeurs humanistes et l’éthique et afin que permettre la construction du futur citoyen.

Le maître est garant du cadre de la DP : chacun doit pouvoir se voir et s’entendre, écouter et respecter la parole.

®  19 - Quelle(s) situation(s) de démarrage aux DP ?

®        03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

®        02 - Quelle est la place du maître dans les processus de pensée ?

®        10 - Quelle(s) visée(s) pour la DP ?

®        21 - Quelles sont les règles de la DP ?

Sylvain CONNAC : CS

Le maître ne doit pas être la clé de voûte du dispositif mis en place. Toutefois, il occupe une place spécifique : il est celui par qui la DP arrive dans la classe, il suscite le philosopher, il attend des moments de DP qu’ils soient éducatifs, il est référents des codes sociaux de la classe, il représente le monde des adultes, il peut philosophiquement enrichir les échanges et il peut donner son avis en tant que participant.

Cette place n’est possible que par l’intermédiaire d’un dispositif pédagogique.

®  04 - Quelles sont les fonctions du maître dans la DP.

®        05 - Le maître donne-t-il son avis ?

Jean DASSIN : DJ

Le maître est celui qui institue la parole comme une médiation permettant d’éviter le « corps à corps » fusionnel avec les élèves. La fonction principale de l’enseignant est d’étayer les propos d’enfants. A ce titre, il convient qu’il reformule afin d’aider à le développement des capacités à vivre et travailler ensemble.

®  13 - A quoi sert la parole dans les DP ?

®        23 - Qui reformule ?

Alain DELSOL : DA

L’enseignant est celui qui met en place le fonctionnement du dispositif notamment par l’institution d’enfants dans des rôles qu’ils s’interchangeront régulièrement.

Le rôle du maître est de comprendre ce qui dépasse les échanges discursifs dans le cadre de la discussion philosophique afin de parfaire la conduite des enfants pour qu’ils expérimentent le fait de « penser par eux-mêmes. »

®  18 - Comment se lancer dans la pratique de la DP ?

®        03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

Françoise DIUZET (s’appuie sur le protocole AGSAS) : DF

Le maître propose et présente l’atelier, il permet une discussion et la mise en place des règles de fonctionnement, il confie la régulation de la parole à un enfant après avoir assumé cette responsabilité et il gère les situations de ré-écoute de la discussion à partir des critères suivants : qualité de la prise de parole, réflexion sur les propos énoncés, analyse des processus analysés.

C’est le maître qui reformule et synthétise.

Alors que dans la première phase, le rôle du maître consiste uniquement à gérer la parole des enfants, dans la seconde, elle consiste en l’analyse et la reconnaissance des processus utilisés.

®  23 - Qui reformule ?

®        28 - Quels critères pour analyser les DP ?

Luc FERRARO : FL

Le maître est celui qui introduit l’atelier philo, qui établit et donne les règles de confiance de la discussion, qui met en place le protocole et qui lance la discussion. Il relance et recentre les échanges si nécessaire. Ses moindres interventions lui permettent une observation de l’évolution des prises de parole et, le cas échéant, l’apport d’une aide spécifique à une enfant.

Luc FERRARO : FL

Le maître est celui qui introduit l’atelier philo, qui établit et donne les règles de confiance de la discussion, qui met en place le protocole et qui lance la discussion. Il relance et recentre les échanges si nécessaire. Ses moindres interventions lui permettent une observation de l’évolution des prises de parole et, le cas échéant, l’apport d’une aide spécifique à une enfant.

®  01 - Que fait le maître pendant la DP ?

Laure GALVANI : GL

Les DP démarrent du questionnement des enfants afin de rendre possible des actes de parole produits à plusieurs. Le maître s’occupe du choix du dispositif ainsi que de sa mise en place. Il permet à l’enfant de reconsidérer de manière réflexive son vécu immédiat, d’utiliser son imagination et sa pensée critique pour confronter ses représentations à d’autres visions du monde et de se projeter vers son avenir.

Ainsi, au départ, le rôle du maître consiste à interroger les opinions énoncées et à mettre en évidence les éventuelles contradictions. Le maître ne peut être celui qui apporte à lui seul les solutions.

Le maître est une sorte de guide qui vise l’accès à l’autonomie des enfants.

Pour cela, il tient compte de la charge affective que l’enfant investit dans son vécu immédiat, du désir d’apprendre et de comprendre (il vise la formation d’une pensée réflexive en faisant émerger les représentations et en permettre leur analyse et leur explicitation : demander de préciser des termes, de poursuivre un raisonnement, proposer une définition, soulever les contradictions) et de ce qui se joue dans le classe et le groupe en matière de constitution de culture commune.

®  19 - Quelle(s) situation(s) de démarrage à la DP ?

®        06 - Quels sont les soucis de l’enseignant pendant les DP ?

Gilles GENEVIEVE : GG

Les interventions de l’adulte devraient être aussi peu nombreuses que possible et ne concerner que « la forme. » Le maître ne donne pas son avis personnel et s’interdit tout jugement de ce qui est dit.

Le maître se charge de la reformulation. Il s’emploie également au rappel des acquis antérieurs, de la mise en évidence des paradoxes, de l’insistance sur les oppositions, de l’élaboration systématique de typologies. L’intention première est d’aider les élèves à progresser dans le débat.

®  05 - Le maître donne-t-il son avis ?

®        23 - Qui reformule ?

®        01 - Que fait le maître pendant la DP ?


Véronique HAAS-REBOUL (SEGPA) : HRV

Le maître dispose d’un accès au pouvoir que n’ont pas les élèves : il met en place les débats, les oriente, les organise, les mène ou les fait mener, leur donne une fréquence, les modifie, les évalue et peut même les supprimer.

Le maître doit transmettre les connaissances et la culture qu’il a lui-même reçues. Il doit également montrer aux élèves que les sujets débattus l’ont déjà été par d’autres avec une multitude de questions.

Le maître parle peu. Il intervient en cas de non respect des codes convenus, si les élèves ne restent que dans l’exemple personnel ou si le débat s’étiole. Il ne fait pas de prosélytisme.

®  01 - Que fait le maître pendant les DP ?

®        24 - Quel est le pouvoir du maître ?

Alexandre HERRIGER : HA

Le maître est un animateur de communauté de recherche : il aide des personnes à s’engager dans l’exploitation d’une question philosophique. Il facilite la délibération entre pairs. Il préfère le dialogue, l’interrogation et l’investigation aux cours magistraux afin que les élèves puissent s’approprier, par l’exercice, les habiletés d’une pensée réflexive, critique et philosophique.

®  03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

Carole LACHERAY : LC

Le dispositif de discussion philosophique dépend des choix pédagogiques de l’enseignant.

Le maître reste l’adulte référent de la classe : il organise, est garant des valeurs démocratiques construites avec les enfants.

Il ne transmet pas de savoir mais provoque sa recherche. Sa visée première est de susciter la formation d’une pensée critique et créative en interaction avec les autres.

Pendant la discussion, le maître s’assure que tous les membres de la communauté comprennent ce qui est dit, met en accord sur le sens des mots, exige l’argumentation lorsqu’un jugement est porté, incite au questionnement mutuel, demande des explicitations, des exemples, des contre-exemples, aide à une formulation correcte. Il n’y a pas de reformulation.

®  11 - Quelle est la visée première de la DP ?

®        01 - Que fait le maître pendant les DP ?

®        23 - Qui reformule ?


Anne LALANNE : LA

Le maître a une fonction d’animation et de guidage, d’accompagnement bien précis : c’est à lui qu’incombe la responsabilité d’établir des liaisons conceptuelles tant que les enfants ne sont pas en mesure de les élaborer. Ce guidage de l’enseignant s’effectue à partir de reformulations, de reprises d’idées énoncées en vue des les relier aux enjeux du thème abordé et de synthèses visant l’analyse des divers arguments développés.

Ce guidage n’est possible que grâce à un travail de préparation des séances. Ainsi, le maître doit disposer d’une formation philosophique équivalente au niveau de classe de terminale et réactualisée à travers des formations et des lectures. Le but de cette formation est d’être au clair sur les distinctions conceptuelles fondamentales.

®  23 - Qui reformule ?

®        17 - Quelle préparation ?

®        15 - Quels sont les pré-requis pour l’enseignant ?

Jean Marc LAMARRE : LJM

Le maître garantit l’éthique du dialogue et l’exigence de vérité. Il adopte pour cela une position éducatrice qui dépasse les seules reformulations. IL doit faire progresser le dialogue en le guidant. Il représente l’exigence de vérité.

L’enseignant occupe la place d’un tiers médiateur qui permet l’intersubjectivité et conditionne le dialogue.  Ainsi, le dialogue obtenu est plus formatif que magistral.

®  03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

Johanna TREIBER-LEROY : TLJ

La maître doit créer un espace potentiel qui rend possible la co-réflexion et donc l’émergence de la pensée inventée qui évoluera vers une pensée réflexive. Ainsi, le maître est un créateur pédagogique et un accompagnateur garant de l’ensemble.

®  03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

Peggy MONTERO : MP

Le maître est un éducateur suscitant sans cesse le questionnement. Il favorise pour cela une éthique communicationnelle. Il est ainsi un médiateur entre les enfants, une personne référence, un garant des règles, un incitateur mais aussi un chercheur comme et avec les enfants.

®  03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

Jean Claude MORI : MJC

Le fait de se lancer dans la DP en s’appuyant sur du tâtonnement expérimental permet d’aborder ces pratiques avec plus de libertés, de neutralité et de créativité, ce qui permet d’observer le ressenti les élèves.

Le maître pose des questions et distribue la parole. Il donne la priorité aux enfants qui ont le moins parlé. En fin de débat, il exprime parfois son opinion en précisant que ce qu’il pense n’est pas une vérité universelle.

®  18 - Comment se lancer dans la pratique de la DP ?

®        01 - Que fait le maître pendant les DP ?

®        05 - Le maître donne-t-il son avis ?

Jean Charles PETTIER : PJC

L’enseignant organise matériellement et philosophiquement le groupe dans une recherche commune, pour qu’il progresse. Son premier rôle est de verbaliser et d’objectiver les conditions du travail, son rôle d’enseignant et les limites de ses interventions.

Matériellement, le maître rend le débat possible, organise les conditions intellectuelles de l’échange et permet au débat de se poursuivre. Ainsi, le maître demande la formulation de règles sous-jacentes à des prises de positions concrètes puis des concrétisations d’éléments abstraits par l’intermédiaire d’exemples. Le maître est aussi celui qui est garant du respect de l’intégrité intellectuelle des débats.

Philosophiquement, le maître invite à conceptualiser, à argumenter et à problématiser. Il s’agit d’abord de permettre l’émission d’une pensée puis ensuite d’organiser les interventions. Le maître peut intervenir de manière à souligner les processus de pensée employés. Il peut se référer à des textes mais qui ne peuvent intervenir d’emblée. Il peut écrire au tableau le sujet traité ainsi que les éléments essentiels de la parole de chacun.

La préparation des débats importe pour élever le niveau des débats et permettre aux élèves de se repérer dans des positions classiques.

®  19 - Quelle(s) situation(s) de démarrage à la DP ?

®        17 - Quelle préparation ?

®        09 - Y a-t-il recours à des textes ?

Philippe POHIN : PP

L’enseignant est la porteur du projet : il maîtrise les débats, rappelle à l’ordre, synthétise, complète le travail engagé par des lectures. Il est accompagné d’un intervenant qui pose des questions, donne la parole  et apporte la réflexion philosophique.

La présence de deux adultes permet une meilleure objectivité, une complémentarité dans le vécu et une gestion meilleure des groupes d’élèves pouvant être sensibles.

®  07 - Quelle est la place de l’intervenant ?

Yvette PILON : PY

Chaque méthode reflète de la personnalité, du charisme de l’enseignant et des objectifs fixés. Ainsi, s’il s’agit de privilégier la citoyenneté, on visera la respect des règles, l’autogestion et l’effacement de l’animateur. Avec un critère d’exigence intellectuelle, les sujets seront plus ciblés, les discussions dirigistes, les processus de pensée mis à l’épreuve et l’enseignant directif.

Le but est toujours d’offrir à l’enfant l’accès à l’autonomie de pensée.

On peut rajouter comme visée la dimension éthique.

L’animateur est un peu en retrait du cercle et inscrit au tableau les diverses synthétisations. Ce sont les enfants qui reformulent sous le contrôle du maître. Il synthétise, relance, induit des questions, donne des orientations, pose un dilemme moral.

®  11 - Quelle est la visée première de la DP ?

®        23 - Qui reformule ?

Nicole ROUX : RN

L’enseignant est un « observateur actif » du cheminement des enfants. Il cherche plus à poser des problèmes qu’à attendre des réponses et il est amené à parler moins et à susciter davantage l’échange. Il se positionne tout comme les élèves comme un chercheur en quête de situations aidantes. Pour cela, il doit avoir la capacité d’accueillir, le solliciter, de prendre en compte la parole de chacun.

®  15 - Quels sont les pré-requis de l’enseignant pour la DP ?

®        03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

Christophe ROINE : RC

Le maître se doit d’intervenir au minimum dans le débat tout en sachant qu’il ne peut pas totalement se taire. Ce rôle du maître évolue sans cesse. Il semble y avoir trois rôles qui lui sont relatifs : celui de modélisation (le maître propose un modèle de posture mentale propre à l’activité), celui de l’empêcheur de tourner en rond (questionner, mettre en question des évidence par la formulation d’un contre exemple ou le renvoi à une mise en doute possible) et celui de commanditaire de recherche (adopter une posture de recherche, d’effectuer un travail de la pensée dont le but est d’approcher un « objet » que l’on cherche.)

®  01 - Que fait le maître pendant les DP ?

Michel SASSEVILLE : SM

Le maître est avec les enfants, il devient un co-chercheur inscrit dans la communauté de recherche. Son mandat premier est de poser des questions. Le but est d’amener les enfants à penser par et pour eux-mêmes. Il pose des questions et parfois émet des hypothèses. Il doit créer des conditions favorables à la constitution de cette communauté de recherche et permettre aux enfants de se trouver des outils de recherche : apprendre à formuler des questions, des hypothèses, trouver des exemples et contre exemples, ... De plus, l’enseignant doit favoriser l’émergence de dispositions et d’attitudes propres à la délibération philosophie : respect, écoute, entraide, coopération, souci de l’autre et de soi-même, ...)

Le maître perd don rôle d’autorité informative mais garde son rôle d’autorité instructive : il facilité les démarches. Il est, en plus de la communauté de recherche, un médiateur entre les enfants.

®  01 - Que fait le maître pendant les DP ?

®        05 - Le maître donne-t-il son avis ?

®        25 - Quelle autorité du maître ?

®        03 - Quelle est la fonction première du maître ?

®        11 - Quelle est la visée première de la DP ?

Gilbert TALBOT : TG

A partir de lecture d’un petit roman philosophique, l’enseignant distribue la parole, fait inscrire les questions au tableau et en fait choisir une. Le rôle du maître est de permettre à la communauté de recherche la confrontation dans l’échange des divers points de vue. Le maître fait alors préciser les raisons sous-jacentes à des opinions, les fait rendre plus claires, demande des exemples, synthétise. Le maître s’occupe également de la discipline et s’assure que chacun a eu la possibilité d’émettre une opinion au moins une fois. Au bout d’un moment, ce sont des élèves qui prennent la fonction d’animation ce qui permet au maître d’être un participant comme les autres. L’évaluation de la séance se fait avec toute la classe puis individuellement avec chaque participant.

®  19 - Quelle(s) situation(s) de démarrage à la DP ?

®        03 - Quelle est la fonction première du maître ?

®        01 - Que fait le maître pendant les DP ?

®        26 - Quelle évaluation ?


Michel TOZZI : TM

Une DP est entendue comme une discussion démocratique à fortes exigences intellectuelles. Le rôle du maître dépend des conceptions qu’il se fait de ce qu’est une discussion, notamment d’une discussion philosophique, du lien entre philosophie et démocratie, du statut de la parole de l’élève. L’enseignement du philosopher se fonde sur un droit de philosopher et une éducabilité philosophique des enfants.

Le maître instaure la classe en communauté de recherche où les enfants se sont partagés certaines fonctions. Le maître n’est pas silencieux ni conducteur ferme et sans délégation d’un entretien philosophique de groupe. Ce qui prime est plus la qualité des exigences intellectuelles de l’échange que le respect de l’autonomie du groupe.

®  14 - Qu’est-ce qui fonde la forme du dispositif pédagogique choisi ?

®        15 - Quels sont les pré-requis pour l’enseignant ?

®        11 - Quelle visée première pour la DP ?

®        23 - Qui reformule ?

Christine VALIN : VC1

Le maître est celui qui met en déséquilibre. Ainsi, il aide à sortir des idées préconçues, il veille à la formulation de questions, il accompagne l’élève dans sa réflexion, il évite les écueils dialectiques, il veille à une démarche philosophique, il ouvre des espaces de réflexions nouveaux, il fait des liens entre les idées venues des élèves et celles de philosophes, il tente de faire passer de l’être au paraître, il crée et fait apparaître le manque.

®  03 - Quelle est la fonction première du maître ?

Camille VASSEUR : VC2

Le maître tend vers devenir une référence, un guide et un modèle pour les participants. Il dispose de connaissances, de savoirs-faire dialogiques et d’attitudes philosophiques.

Le maître devrait disposer d’un minimum de formation philosophique. Pendant la DP, par son comportement, il offre l’occasion à chacun de se sentir intellectuellement et affectivement reconnu. Il invite chacun à entrer avec lui en recherche philosophique : il s’étonne, examine des hypothèses, questionne ses propres évidence et est heureux de pouvoir se faire aider d’autrui pour approfondir son questionnement.

®  03 - Quelle est la fonction première du maître ?

®        16 - Quelle formation ?

®        01 - Que fait le maître pendant les DP ?

Samantha VANHEEGOVEN : VS

Le maître encourage l’enfant à philosopher, le rassure, le protège et l’aide à « mieux » philosopher et lui donnant ou en fabriquant avec lui des outils. Le maître est garant du respect des règles démocratiques : ne pas se moquer, ne pas juger, écouter les autres, ne pas couper la parole, ...

Le maître, pour être cohérent, donne le même statut à l’erreur dans les autres disciplines.

Concernant le philosopher, le maître doit s’assurer que les enfants se posent bien la question qui sera explorée. Ce sont plus les interactions entre pairs que celles avec le maître qui font progresser le recours aux exigences intellectuelles. Le maître est un accompagnateur sécurisant l’enfant lors du conflit socio-cognitif. Ainsi, le rôle du maître est de mettre en place un dispositif qui suscite les échanges et favorise l’écoute active.

Le maître peut intervenir davantage à travers des jeux philosophiques.

®  21 - Quelles sont les règles de la DP ?

®        08 - Quel lien avec les autres moments de classe ?

®        03 - Quelle est la fonction première de l’enseignant ?

Tableau de correspondance contribution à Questionnement

 

Approche praxéologique

Axiologique

Contextuelle

Médiationnelle

Evaluative

 

1

2

3

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5

6

7

8

9

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15

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28

AJ

                                     

ü

               

AG

ü

                                                     

BC1

                     

ü

                               

BC2

ü

                             

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ü

     

ü

 

BT

   

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CJ

     

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CS

     

ü

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DA

   

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DF

                                           

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GL

         

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GG

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MP

   

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MJC

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PP

           

ü

                                         

PY

                   

ü

                     

ü

         

RN

   

ü

                     

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RC

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SM

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TG

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TM

                   

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VC1

   

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VC2

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VS

   

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Date de création : 17 mars 2003
Date de révision :
redaction@pratiques-philosophiques.net