Jean-Pierre SeulinContributionsPrésentationAmateur de philosophie, de café et de café philo, de bouffes entre ami(e)s... Amateur de vélo...cycliste pratiquant, pas seulement le dimanche... suis peut-être un cyclistesisyphe heureux; ou tout au moins conscient d'être un cyclistesisyphe... chaque pédalée recommencée avec à la clef une forme fragile et éphémère mais néanmoins jouissive. Où cà va se nicher je vous l'accorde! Mais j'estime que la jouissance est partout ou presque, à partir du moment où on lui ouvre les portes...en dépit des maitres, des institutions, des pisse-froids de la pensée et autres spécialistes de la répression.... Je suis à la philo ce qu'un cycliste est aux voitures... hors chaussées et malgré tout les empruntant, sachant que certains qui conduisent voitures et débats s'en trouvent peut-être, sans être pour autant naifs, dérangés dans leur discours(es).... hors des voies royales des spécialistes de la philosophie. sans référents, avec une prétention d'autant plus modeste que j'essaie de penser par moi-même, comme j'essaie de tenir sur deux roues, alors que les spécialistes de l'automobile ont en quatre, à l'instar des spécialistes bourrés de bagages et de coffre universitaire... Rassurons ces derniers, le coffre n'est pas un obstacle à la pensée. Pas toujours... Une formation philosophique classique, comme les éléves de terminale... il y a quelques années dèjà. J'ai aujourd'hui 49 ans. J'ai également taté de l'université à Lille où j'ai résidé dans mes jeunes années. J'y ai surtout pratiqué l'anglais. Un souci de la langue, mais dèja quelle langue? souci des autres??? Suis arrivé sur Poitiers pour des raisons professionnelles au début des années 80. Pratique le philosopher avec d'autres, d'aucuns diraient que je suis un des piliers, voire un des meubles, ( comme dirait Vincent, au fait bisous à ta superbe compagne, je me dispenserai d'en faire à ton chat) depuis quelques années au café philo du Gil Bar à Poitiers. Suis trésorier de l'association Philosophie Par Tous dont le Président est le bien connu Jean François Chazerans ( qui a également une superbe compagne). ai écrit des articles dans l'Incendiaire, des réponses à des articles dans Caféphiloliste, une liste parallèle. Pour résumer je suis observateur pratiquant... J'observe donc les échanges de Pratiques-Philosophiques, et je me dis pourquoi ne pas entrer dans la danse en tant que non-spécialiste...un peu d'air hors des sentiers professionnels, quant à savoir s'il est frais, je vous en laisse juge... Merci d'abord à JF Chazerans pour un élémentaire rappel à la clarification dans son message du 5 mai à 12h55. On trouve le prétexte que l'on veut pour pousser la porte. Clarifier est en soi une démarche philosophique, le premier coup de pédale de toute pensée. C'est le premier écart à toute pensée commune. Je veux dire ici par pensée commune non celle mise en commun, mais celle réduite à son degré zéro pour ne plus rien dire, parce qu'on estime avoir tout dit, et par là faire silence. Il y a en effet des discours qui imposent le silence, celui de l'obéissance ou de la servitude. Celui de l'expert devant lequel on plie. Au contraire toute pensée n'est-elle pas en soi déjà une pensée mise en commun puisqu'elle en appelle toujours à l'autre? Pour emprunter à une phrase connue... Clarifier, clarifier, il en restera toujours quelque chose... Ce devoir de clarification ne commence-t-il pas dès l'enfance? L'enfance, c'est l'apprentissage de l'autre, de ce jeu entre dépendance et indépendance... Tâche ardue et difficile qu'ont les maitres. Ont-ils toujours conscience que la clarification qu'exige l'enfant, même ingénuement, construit une relation: relation à l'autre, relation à la communauté, relation au monde par la médiation d'un savoir, entre celui qui sait et celui qui apprend à devenir adulte au travers des savoirs que l'école, et plus vastement, toute personne qui dispose d'un savoir, est amenée à dispenser. Pour illustrer cette question, je rapporterai ici des propos entendus entre une petite fille en quête de cette clarification nécessaire à son accomplissement et son grand-père, celui qui incarne un savoir... Cette petite fille se réjouissait à l'avance d'aller avec ses parents à Paris, et entre autres d'aller sur la Seine faire un tour en bateau-mouche. Problème pour la petite fille: qu'est-ce qu'un bateau-mouche? et de demander: "dis, papy, c'est quoi un bateau-mouche?, c'est un bateau qui a des ailes?" Et le grand-père d'expliquer ce qu'est un bateau-mouche. La petite fille connaissait ce qu'est un bateau, connaissait ce qu'est une mouche, et dans sa logique imaginait un bateau-mouche. La question est savoureuse et pleine de poésie. Savoir d'ailleurs ce qu'est un bateau-mouche n'enlève aucunement à cette poésie. Alors que signifie aussi cette anecdote? Que de responsabilités pour l'adulte, celui qui sait par définition pour l'enfant! Que de responsabilités pour le maitre, l'enseignant, le philosophe dont on sait qu'ils aiment souvent mettre en avant leur savoir comme une carte de visite. Que demande l'enfant? Qu'on ne le mène pas en bateau! Et sur ce plan je ne vois pas la différencre entre cet enfant en quète de clarification et l'adulte que je suis, vous, celui qu'on croise dans la rue...qui sommes également en quête de clarification. En cela l'enfant est au même titre que l'adulte une personne autonome puisque surgit en lui cette exigence de clarification, de questionnement toujours renouvelé, et de demande de dialogue avec l'autre. En cela l'enfant est déjà philosophe. En cela l'enfant est le pair de l'adulte, et l'adulte a peut-être à considérer, et à se servir de cette exigence de clarification, comme d'un repère pour développer son propre philosopher. Et vivre ensemble... Alors oui, clarifier et clarifier encore, et l'enfant vivra sa propre histoire. Au grand dam des spécialistes qui s'interrogent sur l'introduction de la philo à l'école, et de son intérêt, je répondrai qu'elle est déjà là, certes balbultiante, comme elle est déjà dans le café, la rue, l'entreprise...malgré des discours, on l'a vu succinctement plus haut, qui ne sont que les cadenas du silence. Mais qu'est-ce qu'une philosophie balbultiante que la philosophie elle-même, car elle n'a de cesse dans ses balbutiements que de problématiser le monde et de se problématiser elle-même par rapport au monde! Bref la philosophie recommence peut-être sans cesse l'Histoire, et en cela respecte les individus que nous sommes dans son souci permanent de la problématisation, alors que les compétences trop appuyées de l'expert prof de philo, pour ne parler que d'eux ici, ont vocation à forclore l'Histoire, et à y tourner en rond, pour empécher tout recours justement à la clarification comme problématisation, et finalement peut-être nous empêcher d'être ce dont nous sommes capables: penser sans dieux ni experts... |