Sylvain CONNAC Sylvain.connac@laposte.net ContributionsPrésentationJe m'appelle Sylvain CONNAC et j'habite dans le petit village de Clapiers près de Montpellier. J'ai 28 ans, je suis marié mais n'ai pas encore d'enfants, sauf ceux bien sûr avec qui je passe 27 heures pas semaine. En effet, je travaille à l'école élémentaire Antoine BALARD située dans le quartier de La Paillade. J'y suis responsable d'une classe de cycle III, c'est à dire d'un regroupement artificiel de tous les niveaux de ce cycle afin de forcer la contrainte de la pluralité et ainsi de proposer indirectement à l'enseignant une modification de ses pratiques, en quelque sorte éviter le très traditionnel système de l'enseignement frontal. En parallèle avec mon métier, je poursuis des engagements associatifs dans le milieu de ce qu'on appelait il y a quelques temps l'éducation populaire. J'ai longtemps été animateur de centres de vacances puis suis devenu directeur et formateur BAFA et BAFD. Cette expérience m'a surtout permis de considérer la relation pédagogique comme source de richesses à partager et donc devant être un des principaux déterminants pour les apprentissages. Ainsi, tout naturellement, j'en suis venu à devenir ce qu'on appelle une « institution zéro », c'est à dire un enseignant pratiquant une pédagogie coopérative telle que l'entendaient Freinet ou Oury. La classe dont je suis responsable fonctionne donc sur ce modèle. Les élèves-coopérateurs y travaillent en petites équipes, selon un plan de travail négocié chaque semaine et avec l'idée que les échanges sont davantage des sources d'apprentissages que des leçons. La clé de voûte de cette machine reste le conseil de coopérative qui se réunit hebdomadairement. Tous les quinze jours, nous sortons un nouveau numéro du journal de classe : «Le Canard sans patte». Dans l'école, et dans cette lignée, nous proposons également aux enfants des institutions leur permettant une rencontre sans violence. La première d'entre elles est « le conseil de coordination », un conseil réunissant des délégués de tous les acteurs de l'école (enfants et adultes) et gérant à la fois la coopérative d'école et donnant vie aux diverses propositions émises par les classes. C'est ainsi que le « permis de cour » est né l'année dernière. Après une longue phase de construction d'un règlement de cour par ce conseil, les enfants ont chacun reçu un permis (un peu comme le nôtre concernant la conduite) sur lequel il peut être retiré des points en cas d'infraction aux règles posées. Après enquête, il s'avère qu'il semble apporter aux enfants un cadre sécurisant permettant aux plus petits de se sentir en sécurité dans l'école et aux plus grands de se dire « je ne peux pas faire n'importe quoi, il faut que je fasse attention ». Toutefois, ce système nous paraissait très punitif et c'est ainsi que nous avons proposé aux enfants volontaires de devenir des médiateurs de cour et ainsi de proposer une alternative plus pédagogique au retrait de points. Je n'en dis pas plus parce que j'en dirais trop. Et la philosophie dans tout ça ? Elle intervient dans ma classe toutes les semaines sous forme de discussions. Au départ, il ne s'agissait que de frêles débats d'opinions. Petit à petit, beaucoup d'enfants sont arrivés à répondre aux exigences intellectuelles du philosopher : conceptualiser, problématiser et argumenter. C'est ainsi que par exemple lorsque la semaine dernière nous nous sommes interrogés sur le sens de l'école, certains se sont demandés si elle servait plus à apprendre ou à respecter les autres, ce à quoi d'autres ont répondu que la famille avait une place dans l'éducation (bien sûr pas avec ces termes mais bien dans cette idée). J'effectue une petite recherche en Sciences de l'Education avec Michel TOZZI dans ce domaine. Mes hypothèses sont les suivantes : 1- les pédagogies coopératives favorisent et facilitent l'organisation de discussions philosophiques. 2- la philosophie complète l'impact éducatif des classes coopératives. Ces réflexions m'ont entre autre mené à créer une « ceinture de philosophe », c'est à dire un outil similaire dans l'esprit et le fonctionnement à ce qu'en avait pensé Oury mais concernant la pensée réflexive. Pour les discussions, chaque élève est titulaire d'une ceinture qui correspond symboliquement à ses capacités propres à philosopher. Je n'en dis pas plus pour l'instant, je pense m'être assez étendu sur ma présentation. |