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Script du Festival Philo des Champs - 28 juillet 2002

Publié le dimanche 25 février 2007.


Script du Festival Philo des Champs - 28 juillet 2002, 25 Adultes, première et seule séance.

Michel : introducteur et reformulateur Yannis : animateur de plusieurs cafés-philo du Tarn

Yannis : [2 mn 10] Voilà donc on va passer maintenant à l’avant dernier débat sur le thème.. euh euh.. un thème qui nous est.. qui est très très très important parce il est très rarement abordé : vécu et affect dans le débat conceptuel heu.. par Michel Tozzi, avec une introduction d’un quart d’heure et débat d’une durée d’une heure. Euh.. Michel on l’a suffisamment présenté, je rappellerai simplement pour les personnes qui ne le connaissent pas qu’il est.. euh qu’il a été longtemps euh professeur de philosophie euh qu’il est maintenant professeur de sciences de l’éducation à l’université Paul Valéry Montpellier III, euh qu’il est animateur et co-animateur à Narbonne depuis pas mal d’années maintenant depuis 96 je crois et que [3 mn] y’a notamment dans ce café-philo euh une fonction de reformulateur, un animateur en quelque sorte reformulateur.. vous allez en voir donc une euh.. vous allez voir le dispositif euh euh être reproduit dans des circonstances un peu différentes dans quelques instants. Il est aussi le rédacteur en chef d’une revue que vous avez en librairie la revue Diotime l’Agora qui est la revue internationale de la didactique de la philosophie qui.. et qui comprend souvent des articles sur les cafés philo. Vous pouvez le voir à l’échange.. et Michel qui nous aide beaucoup pour réfléchir, pour théoriser le café.. le café-philo. Il interviendra au colloque international [...][4 mn 05] C’est à toi Michel avec donc Dominique Vidal euh.. Martine Vidal pardon euh.. euh.. pour la régulation je crois. Daniel Mercier pour la synthèse et [inaudible] merci beaucoup.

Michel : et Paule comme observatrice sur les moments philosophiques du débat. ++++

Michel : Voilà donc tu.. tu viens de rappeler le dispositif. Alors comme un intérêt.. comme un des intérêts du séminaire un petit peu qui rassemble pas mal d’animateurs de cafés-philo.. est-ce que vous m’entendez là ?

H1 non.

F1 : Fermez une fenêtre..

H1 : Fermez une fenêtre sinon on entend rien. [discussions privées]

H2 : Peut-être ouvrir la porte ? [5 mn]

Yannis : oui ouais.. [discussions privées]

Michel : ... comme un des intérêt c’est de confronter entre nous nos... nos pratiques d’animation. Non seulement d’en parler mais de faire, on s’expose en quelque sorte mais c’est aussile jeu, et donc pas pour juger les méthodes d’animation de tel ou tel mais pour avoir un outil d’analyse et puis ensuite des pistes qui peuvent un petit peu donner des idées et dire où il en est. Notre café-philo depuis septembre 1996 fonctionne sur un principe de.. de co-animation. Nous allons reproduire purement et simplement le dispositif. Euh.. donc euh.. Martine euh sera essentiellement on va appeler « présidente de séance ». C’est-à-dire qu’elle va avoir pour objectif euh de distribuer euh la parole euh dans l’ordre [6 mn] dans lequel cette parole sera demandée euh avec des interventions assez brèves et n’abusant pas donc du temps de parole et en même temps en donnant la priorité aux gens qui ne se sont pas encore exprimés. Qui sont prioritaire donc sur tous les autres droit qu’ils perdent évidemment dès qu’il sont rentrés dans le débat ++ et avec cette idée aussi que lorsqu’on dit quelque chose il s’agit aussi de fonder un petit peu rationnellement ce que l’on dit ++ . Alors mon rôle à moi sera un rôle de reformulation. Alors j’entends par reformulation une mise en relation des interventions entre elles et des interventions avec le sujet.++ et une troisième fonction de synthétiseur euh.. à moyen terme, puisqu’au bout de 25 mn de débat, Daniel prendra la parole pour 5mn pour faire une ressaisie un petit peu réflexive et renvoyer au groupe la façon dont il a perçu [7 mn] les choses en essayant de retisser du lien +, d’une part, et même chose les 5 dernières minutes du débat. + Il a été demandé par ailleurs des moments de « méta » que nous n’avons pas eu a minima c’est Paule qui se place en situation d’observatrice et c’est une fonction c’est-à-dire d’essayer de repérer dans le débat qui durera au total une heure, ce qu’on pourrait appeler des moments philosophiques, c’est-à-dire que ça serait intéressant qu’elle nous dise pourquoi elle a perçu ces moments comme des moments philosophiques, une intervention de 5 minutes ce qui fait que bon euh il me reste donc à peu près une dizaine de minutes pour présenter le sujet. Le sujet sera aussi introduit... dans notre café parfois c’est moi parfois c’est un autre [8 mn] +++++ Alors la question, je la reformulerais un petit peu de la manière suivante : dans un café-philo, il s’agit essentiellement, c’est la finalité, de réfléchir deux éléments. Du point de vue de l’individu : penser par soi même, c’est peu l’objectif qui est poursuivi mais avec une modalité particulière, c’est-à-dire qu’on pense par soi-même mais avec d’autres. Donc ensemble et collectivement. C’est une activité qui peut être caractérisée essentiellement comme intellectuelle. Parce qu’elle est essentiellement d’ordre cognitif, intellectuel, cérébral, euh on peut se demander à partir de là s’il y a une place, s’il doit y avoir une place, quelle peut être la place de l’affectivité, de la sensibilité [9 mn], de l’émotion, peut-être plus largement du vécu euh du témoignage dans une activité intellectuelle comme celle du café-philo ? C’est ça la question qui est l’objet du débat.++ Pour poser.. pour problématiser cette question c’est-à-dire pour voir quelle est la.. pourquoi il y a une difficulté à la penser [inaudible] je vais successivement exposer deux thèses + une thèse qui dira qu’il y a une place et que même c’est très importante et une thèse qui dit qu’il ne faut pas qu’il y ait une place pour l’affectivité, ce serait même un obstacle absolument rédibitoire puis à partir de ces deux thèses on sera amené à se déterminer ou à déplacer ou à faire des synthèses ++ Donc première thèse il serait donc souhaitable dans [10 mn] une discussion à visée philosophique de neutraliser l’affectivité. Euh cette euh cette.. cette thèse là euh va être immédiatement combattue. Je combats cette thèse. Alors qu’est-ce que je dis pour combattre cette thèse ++ alors.. que si on supprime l’affectivité d’un café-philo, on supprime un de ses trois aspects, c’est la convivialité, le plaisir de la rencontre, de la rencontre entre personnes, notamment dans ses dimensions affectives ++ Je donnerais 3 arguments. Premièrement, de toute façon c’est impossible + de neutraliser l’affectivité même si on le voulait. Je prendrais c’est que l’affectif est au cœur du cognitif de l’intellectuel + [11 mn] + il y a un lien étroit entre la philosophie et le désir la philo-sophia c’est l’amour du savoir, de la sagesse ou de la pensée. Déjà la Philosophie est une érotique de la pensée [inaudible] euh ce qui fait que si penser peut donner du plaisir, c’est parce que quelque part, il y a un désir. Donc si la philosophie est amour du savoir ça veut dire que l’affect est au cœur même de l’exigence du concept. ++ Parce que la satisfaction que donne la pensée + c’est d’éclairer sur le sens, sur les fondements, c’est de donner de la consistance, de la cohérence, c’est gagner à l’intelligibilité, à l’intelligence +++ c’est un gain d’intelligibilité sur l’opacité et l’absurdité du monde [12 mn]+. Deuxième argument : non seulement c’est impossible de neutraliser l’affect mais ce n’est pas souhaitable. Ce n’est pas souhaitable d’abord parce que pour investir une question, l’habiter, comme on a dit un petit peu, la porter existentiellement, il faut qu’il y ait un lien entre cette question et quelque part ma vie euh mon vécu. On peut pas aller beaucoup plus loin, on peut dire euh que nous ne sommes pas des, je reprends l’expression d’un philosophe actuel Garfinkel, des idiots culturels. C’est-à-dire que, il y a dans l’expérience même d’ une vie, de la vie, et donc de son témoignage, des savoirs. Des savoirs d’action, des savoirs d’expérience, ça serait un peu aller vite que de : euh c’est toute expérience n’est que l’expression finalement d’une opinion, d’un préjugé [13 mn] ++. Le récit, ça c’est une idée aussi fondamentale qu’on va trouver chez chez Ricoeur, la narration comporte un caractère identitaire. Alors quelque part, quand un homme dit : je, il dit quelque chose de l’homme, parce qu’il pense. Donc le récit de vie, en lui même, est producteur de savoir, et c’est une idée qui est largement utilisée à l’heure actuelle par les sciences humaines, si on veut comprendre par exemple ce que c’est qu’un camps de concentration on demande un témoignage à un rescapé. L’exemple peut être exemplaire, prototypique. Lorsque par exemple on décrit un garçon de café qui arrive avec son truc là bon.. qui joue au garçon de café etc. etc. on comprend en même temps l’essence de ce que c’est qu’un.. qu’un garçon de café. Donc dans.. à travers la singularité de l’exemple on comprend quelque chose de l’universalité par exemple d’une fonction, d’un statut, d’une expérience [14 mn], à travers la singularité d’un sujet on rentre dans l’universalité de la condition humaine. Et donc, il y a un poids du vécu euh.. qui donne à réfléchir et qui est peut être plus profondément porteur lui-même d’une réflexion implicite ou simplement l’expérience que donne une vie est l’avantage d’avoir vécu. +++ Dernier argument, euh il y a toute une tradition euh philosophique qui relie euh affectivité et la philosophie et c’est pas pour donner un argument d’autorité mais c’est pour montrer, et ça sera.. ça fait le pont avec hier, que l’attitude de Diogène en faisant des actes.. provoquer et provoquer c’est scandaliser, donc c’est quelque part provoquer de l’affect, faire réfléchir à partir d’un scandale, et donc d’une indignation. Et même chose pour des gens comme Nietzsche : la philosophie à coup de marteau, qui affirme précisément, il peut sembler que la philosophie c’est le doute, mais mais l’affirmation [15 mn] peut être en elle-même extrêmement provocatrice, par exemple dans la citation, ça c’est en relation avec ce matin, si elle est courte, si elle donne à penser, s’il y a de la métaphore, si si si si la forme ramassée de l’aphorisme est lui-même très provocatrice. +++ Voilà pour la première thèse. Je vais donc maintenant soutenir si vous voulez l’antithèse, à savoir, non seulement l’affectivité serait euh.. euh. un obstacle, mais peut-être qu’elle même serait l’obstacle fondamental, pour penser à la fois individuellement et collectivement. On constate dans un café-philo que souvent il y a des réaction affectives. Alors, on le vie depuis deux jours. Ca fait.. vous savez la frustration parce qu’on a différé sa parole. Le.. le fait que s’affronter avec les positions de quelqu’un c’est quelque part aussi toucher sa personne. Enfin, on sent là dedans que il y a toujours quelque part de l’interpersonnel dans le désaccord d’idée++. Alors on peut se demander si précisément ces réactions affectives qui peuvent aller[16 mn] de la désapprobation verbale, non verbale au contraire à la gratification, à la satisfaction, à l’applaudissement. On a applaudi par exemple, à la fin du deuxième débat. C’est pas d’une certaine façon, euh une manière inégalitaire de traiter chacun, de faire en sorte que la parole n’a.. n’a pas le même poids précisément parce qu’elle entraîne une relation affective qui est plutôt positive ou plutôt négative. Par rapport peut-être à un idéal euh du fait que chaque personne doit-être écoutée avec respect, d’une part. Et d’autre part avec exigence, c’est-à-dire en même temps, l’objection que je fais à quelqu’un c’est pas une agression, c’est jamais philosophiquement une agression de sa personne, c’est une preuve d’estime et c’est un cadeau intellectuel. Donc, le rôle de l’animation par rapport à ces phénomènes affectifs, qui perturberaient et qui rendraient un petit peu inégal [17 mn] qui entraîneraient aussi quelque part la confusion dans la pensée, la contagion affective euh ça devrait être régulé. Donc, ce principe de régulation psycho-affective socio-affective ça devrait être une des fonctions de gestion d’un groupe y compris quand il est à finalité philosophique. ++ Deuxième argument, c’est qu’un témoignage c’est toujours quelque chose qui est individuel, qui renvoie à l’originalité d’un sujet, à sa singularité au sens de sa différence, quelqu’un quand il prend la parole et quand il parle de lui, même s’il dit « on », même s’il dit « nous » et même s’il est très très conceptuel, pour peu qu’il habite quelque part, en disant sa pensée, dit quelque chose fondamental de sa propre histoire + et que + parce qu’il exprime une unicité, une différence, une [18 mn] originalité irréductible euh. il reste dans quelque chose qui qui est empirique, contingent, lié à cette personne-là qui est différente des autres, et finalement peu m’importe pour comprendre ce que c’est que l’homme, que de savoir que Socrate est différent de Platon, j’aimerais mieux savoir ce qu’il y a de commun à Socrate et à Platon. ++ Par ailleurs, par rapport à tout euh exemple, on peut donner un contre exemple. L’exemple n’est ni une définition, parce qu’il travaille sur le concept en extension, à quoi il s’applique, et non pas sur les attributs, ce qui.. ce qui est caractéristique du concept, ce qui permet de définir, ni un argument, puisqu’à tout exemple on peut apporter un contre-exemple. Donc, le vécu, l’affectif, le témoignage, ne peut servir ni à définir, ni à argumenter, ce qui sont deux activités fondamentales dans le philosophique. Enfin, [19 mn] raconter sa vie, c’est intéressant dans une relation interpersonnelle, dans le cadre de l’amitié, c’est peut-être intéressant dans le cadre d’une analyse, sur un divan, dans une psychothérapie, mais est-ce qu’on est là pour ça dans un café philosophique ? C’est pas un café psychologique, sinon on risquerait de tomber dans une espèce de lieu où on a trouvé un lieu pour se dire, un lieu où il y a une espèce d’extension d’un narcissisme où un je s’étale devant un groupe. Un vécu s’écoute, il ne se discute pas. + Et donc on est dans le relationnel, on est dans aimer haïr, indifférent. Ca n’a aucun sens de dire à quelqu’un : je ne suis pas d’accord avec ta personne, je ne peux être en désaccord qu’avec tes idées. Et même le vécu peut casser le débat, parce que c’est une espèce de surface projectile, un jeu de miroir où on va s’identifier, transférer, [20 mn] jouer par les jeux de transfert, de contre transfert. Qu’est-ce que c’est qu’une position intellectuelle là ? Une position intellectuelle n’est pas de l’ordre, quand on est en désaccord, du conflit interpersonnel, car très très vite il peut devenir un conflit socio-affectif. Elle est de l’ordre du conflit socio-cognitif. L’idéal dans un café-philo c’est d’être en désaccord intellectuel avec ses amis et un accord intellectuel avec ses ennemis. ++ Ce qui fait que le café-philo c’est vraiment ce travail sur la pensée réflexive, je veux dire, sur l’exigence rationnelle, un travail de la pensée d’une part. Et d’autre part, sur une conduite raisonnable + c’est-à-dire une maîtrise des affects pour s’élever quelque part jusqu’au concept. On voit l’affectivité, parce que c’est le dernier argument, toute une tradition dans l’enseignement philosophique[21 mn], c’est que l’affectivité peut être considérée comme un obstacle à la connaissance, non non seulement comme un obstacle à la connaissance, mais comme obstacle à la vertu, au bonheur et à la sagesse. Parce que l’affectivité renverrait quelque part toujours au corps, à l’incarnation d’une pensée, la pensée étant précisément cet effort par lequel l’humanité s’est élevée au dessus du besoin pour précisément s’élever au désir de parole. ++ Et donc terminer de.. d’ex.. d’exposer un petit peu ce deux thèses, l’une considère que le vécu est absolument fondamental. Non seulement il est impossible à neutraliser mais ce n’est pas souhaitable. L’autre thèse dit que même si ce qu’il faut c’est un maximum réguler si on ne peut pas l’éliminer et puis après faire en sorte de s’en débarrasser si on veut passer de l’affect au concept. Donc, la question qu’on pourrait poser c’est si le vécu et intéressant et s’il est [22 mn] dangereux à quelle condition alors la question devient.. ma première question devient la question suivante que je propose au groupe afin que le débat commence : à quelles conditions l’émergence de l’affectivité, du vécu et du témoignage dans un café philosophique peut-elle être intéressant pour la coproduction d’une pensée collective +++[22 mn 25s]

F1 (Mireille ?) : on peut aller dormir là ? ++ j’ai sommeil +++++

Martine : Jean-Pierre

Jean-Pierre : pour commencer le débat je dirais que les deux sont liés et de manière indissoluble. Sinon moi j’aurais tendance à penser que on fonctionne d’une manière compartimentée et exemple parce ce que tu crois...

Michel : tu peux parler un petit pet plus fort ?

Jean-Pierre : compartimentée.. et l’exemple [23 mn] que tu donnais, tu y as fait allusion par rapport aux camps de concentration mais dans les témoignages, pas seulement des rescapés, mais des bourreaux, vous aviez affaire à des.. à des.. comment dire ? à des soldats, enfin des SS qui étaient capables de faire leur 8 heures de travail entre guillemets et le soir de rentrer chez eux et d’être de bon pères de familles. Donc moi ce qui me gène, enfin c’est qu’on puisse, euh.. bon, c’est peut-être le besoin de.. de.. de l’exposé, mais qu’on puisse.. enfin on est corps et esprit. Il me semble difficile de séparer les deux et il n’est pas inintéressant d’avoir des expériences de vécus dans le.. au sein des débats philo des cafés-philo. Enfin, un exemple.. enfin.. de l’émotion peut naître une réflexion. Enfin, d’une peur peut naître une volonté d’analyser ce qui se passe. Enfin le.. le la.. Enfin [24 mn] un exemple tout simple : le sentiment d’injustice. Un enfant va.. enfin.. son père ou sa mère va lui donner un bonbon, il ne va pas en donner à son frère. Bon il va ressentir une émotion, une douleur, et ça peut naître.. ça peut créer chez lui un sentiment enfin.. d’abord un sentiment d’injustice et à partir de là, plus tard, il y aura un une réflexion sur ce qu’est la justice, ce que devrait être la justice, bon euh répartition voilà.. Donc.. et d’autre part, enfin moi.. enfin.. je terminerai là-dessus, enfin quand on veut séparer les deux de cette manière, n’est-ce pas.. ou alors d’un côté on fait de.. on essaie de philosopher. Et donc ça, ça serait ma.. enfin l’analyse que je ferais, ou alors on fait l’histoire de la philosophie [25 mn]. Enfin, c’est vrai qu’un historien de la philosophie, va.. enfin a priori c’est quelqu’un qui est capable de se distancier.., tout affect pour.. pour avoir une réflexion sur des thèses, sur des concepts. Mais philosopher c’est autre chose, ça met en jeu ce qu’on est, ça met en jeu son vécu, son histoire, enfin ce qu’on a été, ce qu’on sera, et donc il est difficile à mon sens de séparer les deux. C’est la distinction entre le penser et le faire. Je pense qu’on fait partie.. qu’on est partie prenante des deux. + Michel : deux éléments finalement dans.. dans ce que tu apportes, c’est que de toute façon on ne peut pas séparer le corps et l’esprit ou l’affect et le concept et c’est pas souhaitable parce précisément l’émotion peut donner à réfléchir.

Martine : Jean-François

Jean-François : Oui enfin je voudrais intervenir sur le choix des termes parce que + vécu et affect... [26 mn] pourquoi.. pourquoi.. enfin vécu encore mais euh ça.. ça engage moins que « affect ». « Affect » c’est quelque chose de passif, quelque chose que je reçois comme ça, que je ressens, et au fond enfin c’est ressenti, c’est.. enfin euh.. alors pendant que tu parlais j’essayais de voir dans le café-philo euh.. auquel je participe euh comment enfin comment ça pouvait émerger ou exister cet affect ++ et euh.. et enfin euh.. le sentiment, enfin je ne sais pas, le sentiment, pourquoi pas ? euh pfffff amour euh et le.. le.. dans les cas où ça a été le plus.. le plus évident je crois que c’est quand.. que c’est le pathos ++ c’est-à-dire quelque chose qui.. euh.. euh.. y’a des gens qui viennent et qui expriment leur souffrance. ++ [27 mn] Et ça c’est quelque chose qu’on a qu’on a vécu euh euh je me souviens au moins deux fois dans.. dans.. à Poitiers. Des gens étaient complètement.. complètement frappés et venaient.. il y en a un qui se prenait pour le.. le fils de Dieu. L’autre.. [rires] et.. et ça a duré longtemps, ça duré plusieurs mois, et ça a fait un.. un.. ça a fait que.. que.. on a essayé de réfléchir au niveau du café-philo, avec les autres, comment on pouvait gérer le truc quoi. Parce que c’était euh, quand on lui disait mais euh bon, il y avait des affirmations, certaines affirmations comme ça : je suis le fils de Dieu. Comment tu le sais ? je le sais parce que je le sais quoi. Enfin, c’était quelque chose d’assez terrible et donc on a décidé un jour de traiter un sujet : Dieu existe-t-il ? et il est plus revenu [rires] il est allé à l’hôpital psychiatrique. Il se faisait de mal, on le voyait bien. Il se faisait du mal à venir, puisque systématiquement il perdait ses certitudes et il a.. et il se faisait du mal. Et l’autre cas, c’était une.. le cas d’une prof d’anglais qui.. qui ne supportait pas de parler à son tour. Et qui... qu’il fallait qu’elle interviennent toujours et.. et.. et c’était assez terrible aussi quoi. Et.. et ça manifestait une grande souffrance quoi. Elle n’exprimait pas des sentiments, mais une grande souffrance intérieure quoi et elle s’était faite prendre à partie par.. par.. par.. par un des euh des.. des participants et puis elle n’était pas revenue une autre fois. Enfin c’est.. enfin.. moi je voulais que affect bon euh.. mais pathos [29 mn] quoi, vraiment l’affect lourd quoi. Qui est.. qui est très difficile à.. à prendre en compte dans le.. dans le débat.

Michel : alors là précisément les deux exemples que tu donnes ils vont dans le sens de : qu’est-ce qu’on fait d’un vécu comme ça qui.. qui fait irruption quand.. quand on veut faire un travail philosophique.

Martine : C’est.. Eric.

Eric : ++ hum alors.. le.. enfin l’intitulé du débat m’intéresse tout à fait. Effectivement c’est une.. je dirais c’est une.. c’est un problème en toute pratique de débat ou de café-philo on rencontre donc c’est vrai que c’est.. c’est quelque chose qu’on rencontre je dirais qu’on le veuille ou qu’on le veuille pas à chaque fois. Donc j’essaierai de répondre pour ma part sur la place du vécu et de l’affect. Alors je vais m’en tenir à l’affect [30 mn] pas au vécu. Le vécu étant quelque chose de beaucoup plus.. je dirais qui peut amener à d’autres principes que ceux que je vais évoquer. Je vais m’en tenir à la notion de l’affectivi.. de l’affect, c’est-à-dire, d’après ce que je pense avoir compris de ton intervention, ce qui relève de l’affectivité, c’est-à-dire de l’activité émotionnelle. Disons que.. moi je dirais que dans le cadre du débat, il y a un moment c’est-à-dire un lieu dans le cadre du débat, un lieu physique mais dans ce qui est dit où effectivement l’affectivité peut avoir une place légitime. Mais par contre je pense qu’il y a certain endroits où l’affectivité à une place, je ne dis pas qu’elle ne sera pas mais je dis qu’elle que sa place n’est pas là c’est quand en fait l’affectivité va prendre en quelque sorte la place de l’argumentation rationnelle, c’est-à-dire que quand le déroulement du raisonnement n’est plus lié à l’usage de la rationalité, de la raison on considère dans le cadre de toute pratique philosophique [31 mn] il y a une exigence de la rigueur au sens intellectuel, de l’argumentation et là où je considère que la subjectivité.. enfin l’affectivité peut poser problème c’est quand elle tend à se euh posi.. en quelque sorte à remplacer ce qui devrait appartenir à.. à l’usage de la raison, à la rationalité, c’est-à-dire que finalement on va mettre de côté éventuellement l’argumentation, les les en quelque sorte le fait d’étayer ce que l’on avance pour finalement rentrer dans un discours qui utilise, pourquoi pas ? du raisonnement mais ces.. ce raisonnement est en fait subordonné d’abord à des prises euh de position purement émotionnelles voire à par exemple une.. je dis pas seulement euh un discours pathologique mais il peut par exemple être basé sur des présupposés émotionnels, affectifs. Et c’est là où que je considère que c’est effectivement un problème dans le cadre du euh du débat. Je dirais que dans certains cas, quand ça devient trop manifeste, c’est peut-être aussi le rôle de l’animateur [32 mn] philo de.. de pointer du doigt ce qui par exemple dans un.. dans une explication qui se veut argumentée et rationnelle relève en fait purement soit de par exemple une construction purement idéologique ou tout simplement de glissements purement affectifs. + Personnellement je considèrerais que ce serait là que le problème, en tout cas l’un des aspects du problème de l’affect dans le débat euh.. philosophique. Michel : à partir des trois interventions, on sent bien que.. que ça commence à prendre quoi parce que, Jean-Pierre dit : il y a une relation qui peut être positive entre l’émotion et la réflexion, puisque l’émotion fait réfléchir. Euh.. Jean-François dit : mais il y a des moments où l’émotion elle est tellement massive, qu’elle empêche le fonctionnement même disons du café-philo quoi. Heureusement que ça se résout par le fait que les gens partent d’eux-mêmes parce qu’alors est-ce qu’on ne finira pas par les foutre dehors. On peut se poser cette question là. Quel est notre seuil de tolérance à l’évolution d’une émotion trop massive ? Et toi tu dis c’est un problème de place. Il y a des moment où y’a une place[33 mn] alors il faudrait dire à quel moment et quelle place pour l’émotion e tpuis il y a un moment où elle est déplacée.

Martine : Jean-Philippe.

Jean-Philippe : ++ merci j’arrive.. oui moi je suis un petit peu enfin disons dans dans la première thèse. D’ailleurs... oui je suis d’accord sur ta première thèse parce que ça me paraît difficile de couper affect et intellect dans la mesure où en effet d’accord avec l’esprit et très souvent on le prétend et à mon avis euh je pense que c’est euh faux même dans le discours rationnel il est.. il me semble que nos pri.. nos prises de décision sont toujours affectives et justifiées a posteriori par le discours rationnel. Donc je pense que vouloir être dans l’intellect est euh une pure utopie, ça veut dire que euh on aurait plus de cerveau affectif, plus d’émotion etc. ce qui n’est pas du tout la condition humaine. Donc je pense que cet affect existe. Alors maintenant, c’est comment faire avec ? Alors [34 mn] effectivement on voit que l’affect pollue je dirais ou perturbe ou parasite énormément le discours rationnel euh dans beaucoup de cas euh parce que heu quand une idée est débattue en fait c’est la personne qui est visée derrière l’idée qu’elle soutient et l’argument s’il n’est pas nommément ad hominem, il est perçu comme tel. Et donc là on rentre rapidement dans des conflits de personnes, non-dits, euh qui euh s’échangent à travers des prétendues idées mais y’a pas de débat d’idées. Alors, la seule solution me semble-t-il c’est effectivement comme tu le faisais remarquer que dans philos il y a « ami », eh ben c’est d’être déjà en amitié avec la personne avec laquelle on s’oppose éventuellement à son idée. Et au lieu d’avoir un discours stérile, enfin une opposition stérile qui est la polémique, qui est la guerre, à ce moment là on pourrait rentrer dans l’éristique, c’est-à-dire la controverse entre amis [35 mn] qui n’est pas forcément publique hein et dans lesquelles il ne s’agit pas de gagner... ouais d’accord [rires] on vous laisse prendre l’air [rires] ... on vous laisse prendre l’air.. il ne s’agit pas comme dans le discours politique et la.. de prendre l’avantage sur l’autre ou de.. d’en disputions dont tu parlais mais là, d’essayer sur la base de l’amitié où on sait que là cette fois-ci les personnes ne sont pas engagées que.. c’est donc il me semble c’est sur la base de l’amitié qu’on peut commencer à rentrer dans une controverse d’idées, que ça peut devenir productif. Donc je pense effectivement que pour philosopher il co.. il s’agit de commencer à aimer + hein et à aimer l’autre pour pouvoir ne pas être.. s’au.. s’autoriser être.. ne pas d’accord avec son idée sans qu’il soit euh visé nommément. Et au contraire s’il n’y a pas cette estime réciproque, ce respect réciproque, il me semble qu’il peut y avoir d’idées.. de débat d’idées pardon. +

Michel : Personne ne soutient [36 mn] jusqu’à maintenant la thèse qu’il y aurait une opposition ou une radicale opposition entre affect.. qu’il pourrait y avoir concept sans affect quoi. Mais + ça, il faut le vérifier. Est-ce que tout le monde est d’accord en disant.. La question qui.. qui est .. qui est posée c’est de savoir si.. qu’est-ce qu’on fait de cet affect-là ? Soit qu’on lui donne une place soit qu’on le travaille disons pour s’élever ou faire avec comme.. comme tu dis, c’est.. c’est sur ces conditions qu’il faudrait travailler.

Martine : Yannis.

Yannis : personne ne le fait parce c’est toi qui l’a fait dans l’introduction. Tu as séparé.. tu as choisi de.. de.. de travailler avec une thèse une antithèse donc on a que pour nous la synthèse. Donc tout naturellement on s’emploie à la synthèse. Donc moi personnellement ce que je.. je vois pour essayer de faire la synthèse c’est un petit peu de rapprocher l’affect euh à une fonction qui me semble euh qui nous semble pour la plupart fondamentale parce qu’on la pratique beaucoup ici depuis le début du week end : c’est l’humour. L’humour a deux plans et deux motifs [37 mn]et deux moyens.. enfin deux utilités, c’est une utilité conceptuelle euh et une utilité je dirais euh plus affective, qui a un enjeu. Euh l’humour dans le débat c’est non seulement le véhicule d’une idée sur le plan conceptuel mais c’est aussi une forme d’huile dans les rouages sur le plan affectif + euh pour reprendre la métaphore de ce matin parce que certains m’attendent au détour euh c’est un peu la vaseline dans la relation [rires]

Jean-Philippe : personne ne t’attendait là...[rires]

Yannis : c’était au.. [les rires continuent] non c’était au buffet y’a certains qui m’ont dit : est-ce que tu ne peux pas faire des rimes avec vécu et affect ? [Yannis se marre] J’ai dit pour pour vécu j’y verra une riche [Yannis se marre et les rires continuent] et pour affect des pauvres. Donc de ce fait je ne vais pas faire de la poésie. Donc je reprends la métaphore : huile dans les rouages [38 mn] sur le plan affectif, tout simplement une vaseline en rapport à la relation euh.. du philosophique. Donc.. dont la fin est conceptuelle puisque c’est la procréation de la pensée mais dont les moyens, l’un des moyens peut être affectif par rapport à l’environnement euh de cette relation. Surtout que la métaphore est excellente parce que quand même il y a une relation entre l’affect et le désir et que souvent le mot est un moyen sur un.. sur un plan comme sur l’autre. Et c’est un petit peu ce que l’on nomme souvent : animation socioculturelle, animation philosophique et sans animation socioculturelle moi je pense que l’animation philosophique elle se casse la gueule. Voilà.

Michel : alors première piste qui.. qui est proposée pour essayer de rimer, de faire rimer affect avec concept c’est l’humour ++

Martine : Francis.

Francis : ++ bien je proposerais une deuxième piste + je pense qu’effectivement on est imbibé de.. d’affect et que nos finalités sont des prises de parti et.. et.. et .. [39 mn] des prises de parti qui sont forcément affectives. Chaque fois qu’on choisi, comme disait Jean-Philippe, il y a une dimension affective. ++ on peut pas trop s’en séparer mais maintenant on peut voir par exemple si on parle de.. du rationnel on va parler par exemple de logique et voir l’intellect ou le discours intellectuel ou une partie du discours intellectuel comme étant un sous ensemble ou une grille de lecture. + Même on peut analyser les choses d’un point de vue médical, on peut les analyser d’un point de vue logique, d’un point de vue intellectuel ou linguistique et à ce moment là il faut.. l’idée c’est de.. d’être conscient de ce qu’on fait. Il faut savoir si on est à un niveau affectif ou si on est à un niveau intellectuel ou logique ou si on est à un niveau sociologique, si on sort du débat philosophique. Et cette distinction permet de gérer les choses, sur la base probablement aussi de ce que dit Jean-Philippe de.. sur la relation de tolérance, pas confondre [40 mn] la personne et son idée mais cette distinction permet de de.. gérer les choses. +

Michel : Donc la deuxième piste serait la capacité.. alors l’idéal serait l’ensemble des participants au niveau disons de l’animation de distinguer disons les registres. Savoir sur quel registre on joue à tel ou tel moment..

Francis : sachant que l’échange affectif peut être possible donnons un exemple : par exemple la poésie. On a un échange qui est.. qui fait appel à un niveau affectif. Qui est un échange aussi, on se propose des émotions.

Martine : Brigitte.

Brigitte : euh c’est très moral ce que je vais dire. Donc je passe parce que [inaudible]...

Martine : Hugo.

Higo : Higo.

Martine : ah.

Higo : Euh ++ je vois que du moment qu’on a des affects dans la discussion, il y a autre chose à faire qui sont très importantes c’est voir la personne [41 mn] et voir le besoin de la personne. Pourquoi elle apporte ses affects à ce moment précis dans la discussion ? Alors je crois qu’à partir de ça on peut réagir correctement. Du moment que je comprends l’affect que la.. la personne introduit dans la discussion euh je peux lui donner sa place c’est-à-dire l’important que la personne part à la fin du discours en se sentant compris dans son affect. La façon dont je veux faire ça, ça c’est un grand art que je pense l’animateur mais aussi les autres gens de la groupe.. du groupe qui sont subtils à discerner ces affects et qui sont subtils on a eu de très grands exemples.. subtils à traiter ces affects de façon cohérente [42 mn], de façon que + la personne se sente comprise, c’est-à-dire y’a certains moments où faut arrêter la personne dans son affect parce en laissant se disperser ses affects. Y’a d’autres moments où c’est important pour le groupe et important pour.. de supporter des affects très forts dans un groupe, euh qui sont presque insupportables, pour avancer le débat, pour avancer l’idée. Alors moi je crois qu’il faut faire un choix très différencié dans ces cas d’affects comment déplacer ? et je crois que c’est l’art de l’animateur aussi de savoir placer les affects. Et si jamais on ne peux ne pas les placer c’est en groupe qu’il y a aussi des gens qui par la suite s’occupe de la personne en sortant. On ne la laisse pas partir en affect négatif [43 mn]on.. on la porte dans sa personnalité bien qu’avec son affect . Alors je crois que c’est ces deux choses là qui sont.. qui sont les plus importantes.

Michel : donc là on aurait l’idée qu’il y aurait.. qu’il y aurait un moment ou une place et la qualité qu’il faudrait développer au niveau des participants comme de l’animateur c’est une espèce de d’é.. d’accueil.. d’accueil disons de l’affect de l’autre. Accueillir comment et pour en faire quoi ? ou simplement accueillir point c’est cela qu’il faut déterminer.

Martine : euh je.. je connais pas euh...

Frédéric : Frédéric. + Oui, je vais peut être revenir un peu en arrière. Parce que là je vois que le débat est parti sur le rôle de l’affect dans une construction d’une pensée philosophique. En fait moi ce que je retiens de la présentation de tout à l’heure c’est deux questions : comment séparer la personne de ses idées ? [44 mn] et est-ce possible et deuxième question : est-ce que une rigueur dans la construction d’une pensée philosophique euh + euh = est obligatoirement entachée des échanges affectifs et de l’émotion ? ou pas ? Alors pour continuer dans le fil de tout à l’heure, il est évident que toute pensée est à base de.. résultats de moteur émotionnel et affectif et que la raison à justifier a posteriori, mais je pense que là on est à un autre niveau du débat. Une fois admise cette hypothèse que.. que la personne dans un échange met son affect et apporte un certain élément à la construction de cette pensée philosophique. Est- ce que une rigueur est nécessaire [45 mn] à l’élaboration de concepts philosophiques doit tenir compte de ces affects ? ou être objectif avoir une démarche rationnelle qui ferait comparer cette démarche à celle des.. des recherches dans le domaine des sciences exactes ou euh.. on a.. on a de nombreux exemples de personnes qui étaient intellectuellement, politiquement condamnables et qui ont amené des idées, des progrès scientifiques euh.. louables. Enfin je sais que l’important on cherche un lieu pendant l’hiver. ++ Euh, il y avait des prises de position de ces personnes là et il y avait des prises de position qu’elles apportaient à la recherche. Alors, d’un point de vue personnel, il semble que le.. la construction d’une pensée [46 mn] philosophique + a besoin de la même rigueur que dans ce domaine des sciences exactes. Et que les affects qui interviennent dans les échanges pour la construction de cette pensée collective ne sont qu’un élément qui sont des.. qui ne sont je dirais que des outils, les témoignages, les outils réac.. réactions émotionnelles sont des outils qui permettent d’avancer dans cette pensée mais sans remettre en question je pense la rigueur dans laquelle on doit mener la réflexion. +++

Michel : on comprend bien que le problème c’est comment arriver à articuler finalement une émotion qui semble un petit peu moteur, c’est la thèse de Jean-Philippe et de Frédéric, avec la rigueur de la pensée. Cette articulation qui fait question dans le café-philo. +

Martine : Michel S.

Michel S. : oui [raclement de gorge] moi je.. je proposerais un.. un [raclement de gorge] je proposerais un parallèle [raclement de gorge]. Parce que je me demande si on pourrait pas considérer la place de l’affect dans.. [47 mn] un café-philo tout comme la place de l’opinion dans un café-philo ++ parce que peut-être que l’opinion c’est justement une pensée qui est encore très chargée d’affect + euh.. qui n’a pas été rationalisée. Alors on sait bien dans la.. dans la philosophie, on se demande quelle place donner à l’opinion. Euh.. Bachelard dit : dehors, faut la détruire et.. et je crois qu’il a raison. Seulement Bachelard, comme d’autres dans l’histoire de la philosophie, se situent à l’intérieur d’une pensée déjà constituée, à l’intérieur d’une pensée déjà constituée, qu’elle soit scientifique, qu’elle soit philosophique, y’a plus de place pour l’opinion, y’a plus de place pour l’affect. La question pour nous euh.. c’est de se dire : oui mais comment on arrive euh à ce stade là. Et pour arriver au satde de la réflexion, qu’elle soit scientifique, qu’elle soit philosophique, je crois qu’il faut en passer par l’opinion. C’est-à-dire que euh.. ++ [48 mn] toute la question ensuite consiste à savoir si l’opinion ou l’affect est un déclencheur... moi mes souvenirs de chimie sont un peu vagues Mireille, un déclencheur ou un catalyseur ? Le catalyseur je crois c’est quelqe chose qui déclenche les réactions [bavardages]

Mireille : Ca accélère...

Michel S. : Ca accélère.. Ca intervient après dans la réaction ?

Mireille : Non. Peut-être que si mais ce n’est plus dans le bilan.

Michel S. : donc c’est plus dans le bilan. Donc la question c’est de savoir si l’opinion est un catalyseur ou pas. Est-ce que, une fois la réaction conceptuelle est déclenchée on en retrouve une trace à l’arrivée, voyez ce que veux dire ?, ou pas ? ++ [brouhaha]

Michel S. : ...trace...

Mireille : parce que si on en retrouve une trace...

Michel : ... d’intégrer la question de Mi...

Michel S. : parce que si on en retrouve une trace, il me semble que là euh.. euh.. on est dans le cas d’une opinion ou d’un affect qui a, à mon sens, parasité euh.. la réflexion philosophique, si on n’en retrouve pas la trace et que c’était juste un déclencheur, é bé ma foi euh.. [49 mn] l’affect a sa place dans.. dans un café-philo. Tout simplement parce que dans un café-philo on ne fait pas toujours de la philo. On y arrive.. ++

Michel T. : Donc là, tu donnes un critère, me semble-t-il, c’est-à-dire que dans la démarche de l’apprentissage du philosopher dans les cafés-philo, on rencontre quelque part l’affect. On ne peut pas travailler la pensée conceptuelle sans travailler en même temps sur l’affect et le critère c’est : est-ce qu’à l’arrivée il y a trace ou non de l’affect.

Michel S. : ouais.

Michel T. : s’il n’y a plus trace, c’est que quelque part un travail a été fait sur l’affect ou sur l’opinion. Tu donnes un critère.

Michel S. : je propose..

Michel T. : oui..

Martine : Mireille voulait faire juste une clarification technique. Après Daniel si tu es prêt à un petit renvoi de.. de.. de la synthèse de la première partie. Et ensuite euh.. il y a des gens qui sont pas encore intervenus donc qui seront prioritaires. Y’a Paule et Eugène et ensuite les autres qui se sont inscrits. Donc Mireille et Daniel si.. [50 mn]

Mireille : puisque Michel a parlé de.. de déclencheur, de catalyseur et ensuite a parlé de trace, il reste des traces, ce que je veux dire c’est que s’il reste des traces c’est que à ce moment là l’affect est un catalyseur. S’il ne reste pas de traces c’est pas un catalyseur. Le catalyseur participe aux réactions chimiques et se retrouve à la fin. Tandis que si c’est autre chose qu’un catalyseur, il ne se retrouve pas à la fin.

Michel S. : c’est quoi alors ?

Mireille : à ce moment-là c’est un réac.. c’est un moyen dans la réaction chimique, c’est à dire qu’il participe à la réaction chimique. ++

Martine : Daniel donc.

Daniel : oui +++ alors +++ donc la première chose qui a été dite c’est que euh.. la manière de présenter euh ce sujet qui opposerait d’un côté l’affect, d’un autre coté euh la pensée [51 mn] est une manière un petit peu cloisonnée, compartimentée, de de.. poser la question. On sait bien finalement que euh dans la réalité.. la.. l’affect..

Michel T. : plus fort Daniel.

Daniel : que dans la réalité effectivement, il y a un.. un mélange, hein une interrelation entre entre les deux + et euh... ce qui a été euh.. noté à plusieurs reprise à ce sujet c’est que euh.. le point de départ d’une pensée, le point de départ d’une.. d’une.. de l’exercice de la pensée euh.. est souvent euh une émotion, une prise de position euh affective et que d’ailleurs, c’est quelque chose qui a été évoqué à un moment donné euh.. quelque part l’usage de la raison, [52 mn] l’activité de la raison pourrait être d’une certaine manière une activité de rationalisation. +++ Il a aussi été que euh euh l’émotion de ce point de vue là et l’affect étaient euh étaient le moteur de la pensée, le carburant en quelque sorte de la pensée, donc de ce point de vue là.. alors il a été l’exemple qui a été pris c’est le sentiment d’injustice comme générateur d’une.. d’un effort ou d’une d’une réflexion d’une démarche réflexive pour mieux comprendre ce qu’était l’injustice. ++ euh.. bon. Une chose aussi qui a été distinguée ++ c’est le vécu et l’affect et que c’était peut-être un petit peu embêtant de euh de faire la confusion l’amalgame un petit peu entre le vécu et l’affect et puis y’a un troisième terme [53 mn] d’ailleurs qui est apparu à ce sujet, c’est le sentiment. Alors ça n’a peut-être pas été explicité mais euh le sentiment est-ce que c’est pas aussi autre chose que l’affect. Un petit peu là.. une tentative d’approche un petit peu notionnelle qui a été euh juste heu juste amorcée, qui n’a peut-être pas été continuée mais il semblerait là qu’il y ait une piste entre.. cette distinction conceptuelle entre le vécu, l’affect, le sentiment, euh qui est peut-être une piste euh une piste intéressante. Euh.. Alors autre chose aussi donc par rapport euh au.. peut-être aux inconvénients, enfin à.. à l’affect en tant qu’obstacle qui a été.. qui a été dit c’est souvent la présence de l’affect dans la discussion philosophique était source de confusion, de contamination. Autrement dit on ne savait pas trop dans quoi on était, [54 mn] si on était dans le dans l’affectif ou si on était dans le dans l’exercice de la raison, il y avait souvent une contamination euh entre les deux. Et en particulier cette contamination s’étendait euh jusqu’à une confusion entre la personne et les idées. C’est-à-dire que il était pas toujours évident de distinguer ce qui relevait d’un conflit comme dirait Michel socio-cognitif ou ce qui relevait d’un conflit plutôt interpersonnel et que, de ce point de vue là, comme dit Jean-Philippe, il faut commencer par aimer, c’est-à-dire que pour euh pour euh comme base d’échange, comme base de la controverse, il y a une condition préalable, alors bon je crois qu’il a parlé d’amitié, on pourrait parler de la confiance, du respect, que et que sans l’installation de cette amitié je dirais presque intellectuelle, de cette confiance, de ce respect, on n’é.. on n’é.. on courrait toujours le risque d’être dans la confusion [55 mn]de ce point de vue là quoi. Euh.. alors euh y’a aussi euh.. par rapport à à des réponses possibles de synthèses.. ah oui oui par rapport à des réponses possibles donc de synthèses je j’ai.. j’ai dépassé mon temps ?

Martine : d’une minute.

Daniel : D’une minute d’accord. Par rapport à des réponses possibles en forme de de synthèse par rapport à cette thèse et cette antithèse euh... ce qui a été dit c’est on a fait référence à l’humour, à l’utilisation de l’humour dans le débat comme vaseline... c’est ça ? euh vaseline euh de de l’affect oui.. c’est ça hein...

F1 : On a dit du lubrifiant carrément. Je saurais pas comment trop...

Yannis : Huile...

Daniel : Huile dans les rouages... [bavardages sur les termes employés lubrifiant ou huile ou vaseline ?]

Daniel : lubrifiant oui. Euh.... [comme les bavardages continuent Daniel hausse la voix] [56 mn] autre chose qui a été évoqué comme réponse possible c’est pour l’animateur pour le groupe et l’animateur la nécessité de distinguer les registres c’est-à-dire de savoir dans quoi on était hein pour justement éviter les contamination et la confusion, étant entendu qu’il y a des moments où l’a où l’affect peut avoir sa place et que ce qui pose problème c’est quand il est déplacé hein c’est quand il est déplacé et et donc euh il paraît important donc du point de vue de l’animation euh d’être capable de pointer à certains moments du doigt ce qui se passe pour la personne ou pour le groupe et dans quoi elle est et et et il me semble que l’art de l’animateur entre autres choses consisterait dans cette espèce de prise en compte de ce qui se passe sur ce plan psychoaffectif hein euh aussi bien pour les personnes que pour le groupe. [57 mn] Alors je termine donc + mais je sais pas si j’ai été euh il me semble qu’il y a une idée que j’ai pas exprimée mais qu’il faut qu’il faut que je je restitue c’est heu c’est la dernière intervention qui fait le lien entre l’affect et l’opinion au sens où l’opinion serait heu une pensée chargée d’affects que donc mais qu’en même temps est-ce que de manière incontournable ne faut-il pas enfin est-ce que est-ce qu’il ne faut pas partir est-ce que comment dire ? est-ce qu’il n’est pas quelque part incontournable obligatoire de partir de soi c’est-à-dire de partir de l’opinion, de partir en quelque sorte de la vie des hommes et la la question c’est de savoir comment comment on arrive à passer à dépasser un petit peu cette affaire-là c’est la fameuse idée du catalyseur, de l’opinion comme catalyseur euh et il semblerait donc d’après les dernières informations qu’on a eu que [58 mn] il reste des traces mais qu’il y a quand même donc un travail, un dépassement et que donc dans cette optique là l’opinion serait quand même une base de enfin une espèce de base de départ. ++

Michel : oui mais on reste on reste sur... cette interrogation de savoir si comme peut-être je l’avais entendu chez Frédéric il serait plutôt souhaitable qu’à la fin il n’y ai plus de traces c’est ça que tu voulais dire ou pas ou alors si conformément à la métaphore de la catalyse c’est ça peut être intéressant qu’il garde ... que l’affect reste là. + La question elle est posée.

Martine : Y’a quatre personnes qui n’ont pas encore parlé donc qui sont prioritaire et les autres donc qui ont déjà parlé. Y’a Paule ensuite Eugène, Marcelle et Fabien. Paule.

Paule : Oui moi je.. je pense que on a été.. il y a un décalage je dirais entre la problématique posée et la question posée et le déroule.. donc le déroulement du débat s’ensuit [59 mn]. Parce que la problématique posée.. au fond tu poses l’affect est au cœur du cognitif, tu l’as posée dans ton préambule, l’affect est au cœur du cognitif...

Michel : Dans une des thèses..

Paule : dans une des thèses apparemment c’est la thèse qu’on essaie tout le monde de défendre..

Michel : Elle est assez consensuelle..

Paule : elle est assez consensuelle donc c’est pour ça que je la je la reprends et... mais ta question dit : comment doit-on s’en servir et quand ? Or, il me semble que là, il y a un pas qui est sauté, un pas philosophique qui est sauté, donc.. si bien qu’on passe tout de suite à la solution immédiate, c’est-à-dire faut pas trop en mettre, faut un peu en mettre. Le problème philosophique qui se pose c’est : en quoi l’affect fait-il partie intégrante du cognitif on a toujours.. on a toujours discuté sur un présupposé d’une séparation entre les deux, moi je maintien la thèse que ça n’est pas séparé du tout [60 mn]. Je donne un exemple ++ par rapport à la perception, la façon dont vous appréhendez le monde c’est.. c’est d’abord par la perception, c’est-à-dire que si vous voyez une feuille par exemple, eh bien elle vous touche par vos sens, mais si elle ne fait que ça, elle n’est pas cognitive, elle n’est pas pensée, si je la pense c’est que je lui fait déjà, à partir de la perception une représentation de la feuille. Mais sans le chose affectif, sans l’affect de la feuille, je ne peux pas avoir de représentation. Donc l’affect il est déjà là, extrêmement lié au cognitif. Perception, y’a déjà du cognitif dedans, puisqu’on ne peut pas [inaudible] . Donc++ c’est terrible d’avoir si peu de temps de parole parce +++ [61 mn]

Michel : oui, alors tu viens de conforter le consensus

Paule : voilà

Michel : à savoir que l’affect est lié au concept en essayant de l’argumenter...

Paule : voilà, je dis que ce qu’il faut creuser en philosophie, avant de passer au comment faire avec dans les groupes de philo, ce qu’il convient de de peser ici, dans le groupe de réflexion, c’est : comment l’affect s’inscrit dans le cognitif, comment même si on voulait pas le l’utiliser, on est bien forcé. Alors, comment il s’inscrit ? et après on verra quoi on en fait. Parce que, on est parti sur des... des valeurs de l’affect. On a commencé par dire que l’affect c’était bien, ensuite on l’a défini comme pathos.. c’est le pathos.. mais l’affect c’est la perception, quand je vois une feuille, y’a une brèche en moi [62 mn] qui fait que la feuille je l’incorpore. Donc ça c’est bien corporel, je l’incorpore et après je me la représente. L’affect pour moi, c’est pas le truc négatif, l’affect c’est ce par quoi mon corps aborde le monde pour que je m’en fasse une représentation+++

Michel : alors là alors là Paule déplace.. déplace un petit peu la question en disant comment le traiter faut savoir et euh euh elle elle apporte une exigence notionnelle euh par rapport à la distinction qu’on avait faite, mais ça on a creusé, de vécu, affect disons sentiment elle nous propose donc une définition de l’affect en mettant cette notion en relation avec une autre notion c’est qui est le problème du corps. Qui rejoint un peu le problème du pathos dont parlait Jean-François au début, dans la mesure où l’affect c’est ce [63 mn] par quoi nous sommes affectés par le monde hein. C’est un peu la définition qui est proposée par Paule pour y voir plus clair dans la relation entre les notions.

Martine : Eugène

Eugène : +++ je ne me sens pas tout à fait à l’aise personnellement dans ce débat pour deux raisons. Je me demande, j’ai utilisé Diogène hier soir, je continue, je me demande si ce débat correspond au au titre qui qui qui lui a été donné et qui a été annoncé. On parle de l’affect, parle-t-on actuellement du vécu ? Est- ce que le vécu s’identifie à l’affect. C’est la première question. ++ Je vais donner un exemple concret ++ dans le café-philo est venu un jour un monsieur, un participant, qui c’est présenté en disant : j’ai à peine mon certificat d’études [64 mn] ++ je vais vous parler avec mon vécu, en fait il a pas raconté sa vie il a + essayé de réfléchir et de donner un sens ou de demander à ce qu’on l’aide à donner un sens à ce qui s’est passé. Et apporter mais bon j’ai pas mémorisé l’ensemble l’essentiel mais ça a été extrêmement intéressant il y a eu un excellent moment de débat nous sommes dans cette soirée à partir de ce qui se disait c’est pas la [inaudible] il y a une différence très nette entre l’affect et le vécu, il y a bien d’autres choses. Ca c’est le premier point, je suis très frappé que les débats se concentrent uniquement sur l’affect il y a une identification.. La deuxième question, toujours pour ra.. pour repartir [65 mn] de cet exemple, euh le titre oppose ou réuni vécu et affect d’une part et débat conceptuel d’autre part, peut-on et alors là peut-être ai-je de mettre en cause le titre, euh peut-on réduire la réflexion philosophique à la conceptualisation. Je ne suis pas du tout d’accord, je pense que la recherche de sens en tant que opposée ou complémentaire, comme on voudra, ça c’est à débattre, en partie opposées, en partie complémentaires, à la conceptualisation est un moment important de la réflexion philosophique+ voilà en gros ce que je voulais dire.

Michel : deux éléments là hein dans ce que apporte Eugène. C’est d’une part, par rapport à la définition qui a été donnée par Paule disons de l’affect, c’est d’essayer de définir [66 mn] ce que c’est que le vécu peut-être c’est ce qu’il faut creuser dans ce sens-là parce que tu as dis : c’est pas la même chose mais faudrait peut-être creuser là-dessus. Et deuxièmement tu interroges un présupposé de la façon dont est posée la question, à savoir : implicitement oooooooon irait de l’affect vers le concept, toi tu dis mais est-ce que finalement aller vers le concept et considérer le concept comme l’activité philosophique par excellence, est-ce que ça c’est c’est..

Eugène : c’est..

Michel : ..c’est le présupposé que tu interroges ?

Eugène : c’est aussi ce présupposé que j’interroge.

Martine : Marcelle.

Marcelle : Je vais intervenir plus rapidement parce que, en plus, j’ai pas tiré les conclusions de ce que je vais dire, mais bon je suppose que vous m’aiderez. Euuuh Je me dis que finalement le la grosse difficulté par rapport à ce qu’on appelle l’affect ici c’est entre autre qu’il soit inconscient et que quand on le prend pas en cause.. en compte cette chose là. Donc toujours avoir des déclarations d’intention, et dans la déclaration d’intention c’est souvent : bon y faut y faut isoler [67 mn] ce qui ce qui est de l’ordre de ce qui pourrait perturber la pensée. Sauf que la pensée on l’a on l’a montré aussi elle.. sauf que euh l’inconscient arrive à se servir de la raison même pour pour s’exprimer. Euuuh voilà je je pense quand même qu’il faut prendre en compte cette notion d’inconscient alors bon y faut peut être en tirer un petit peu euh quelque enseignement. Euh ce que je voulais dire aussi c’est que, et puis ça illustrera ce que je veux dire, je crois pendant deux jours là, cette cette assemblée, euh s’est vraiment donné pour tâche de penser d’être dans quelque chose de de construire de la pensée, d’être dans le rationnel et tout ça et puis euh pendant le repas on a vu fleurir quand même quelque chose que j’appellerais : le retour du refoulé parce que c’était [rires] c’était assez explosif on peut dire bon voilà c’est que on peut [68 mn] on peut vouloir euh on peu vouloir isoler euh l’affect et tout ce qui est de l’ordre de euh du corps, il revient, il se repointe sans qu’on le veuille et et alors donc il vaut mieux peut être savoir qu’il y est.

Michel : alors est-ce qu’on peut identifier euh la relation de l’affect au corps, ce que Paule proposait, avec la relation de l’affect au conscient ?Euh si ce n’était pas le cas dire qu’il y a une nouvelle dimension qui apparaît et qui pose un problème fondamental : qu’est-ce que l’ac une activité de type rationnel peut à faire ou à voir avec l’inconscient ? On touche là les limites d’une activité disons rationnelle, on bien alors est-ce qu’on peut faire avec l’inconscient dans un café-philo comme on peut faire avec un affect tel qu’il est ressenti et donc à un niveau conscient.

Martine : Bon alors vu qu’il y a 6 personnes inscrites qu’il reste en gros [69 mn] un quart d’heure, il y a les reformulations plus la conclusion de Daniel, les inscriptions sont closes.

Daniel : Combien ?

Martine : c’est Fabienne,

Fabienne : alors..

Martine : après Jean-François..

Fabienne : je vais commencer par deux citations que vous connaissez peut-être c’est euh c’est la comment dire ? ça vient du populaire c’est-à-dire [inaudible] : toutes les femmes sont folles excepté ma bonne. Je crois que là..

Daniel : excepté la ?

Fabienne : excepté ma bonne. Donc, je veux dire je pointe là à la fois l’usage autant que le pathos ce qu’on qu’on reporte comment dire ? on reporte du côté de la femme, euh, ce qui se tait peut-être mais le côté de l’affect et la raison du côté quand même du masculin ne serait-ce que dans le discours : ont écrit beaucoup plus d’hommes que de femmes. Donc là la question c’est aussi Lacan dit il y a quelque chose de.. vous connaissez ? quelque chose de ridicule chez l’homme et d’égaré chez la femme. Bon bon l’histoire du fait que ça déborde [70 mn] que l’affect puisse déborder euh dans les cafés-philo et qu’on a un problème par rapport à ça. Que ce soit du féminin qui engage [inaudible] je crois que je le mets en rapport avec euh le fait que un dans la lune il y a la face cachée de la lune qu’on voit jamais et puis euh avec le fait de vouloir absolument enlever toutes les traces d’origine + et les traces du corps dans la raison et dans l’idée les traces de l’affect et les trace de ce qu’on pourrait.. de ce qui fait tache peut-être et donc je.. je pense qu’il y a dans ce débat et dans cette [inaudible] je rejoins Paule en disant que euh.. il me semble qu’il n’y a.. qu’il n’est pas possible de.. de retirer euh.. l’affect mais si ça gêne Eugène euh.. que ce soit au niveau du vécu ¤¤ il n’est pas possible de retirer l’affect de.. de.. du cognitif et de.. de la raison. Pour moi euh.. il est peut-être pas [71 mn] visible mais il est toujours là. Donc, effectivement, il s’agit pas de savoir si on retire et comment à quel [inaudible] mais plutôt comment on l’accueille. ++

Michel : Alors euh.. faire avec.. faire avec.. je.. je reprends les propositions de Jean-Philippe est-ce que c’est.. est-ce que c’est euh.. travailler ? il y a la métaphore du travail.. travail comme on peut travailler l’opinion, est-ce que ça s’accueille ? ça a déjà été dit, tu viens de.. de.. de le redire euh.. +++ au fond, qu’est-ce qu’on en fait ? on l’accueille ? on travaille dessus ? +++ ce qui conforte quand même cette idée-là que de toute façon euh l’affect est au cœur même de toute activité humaine et en particulier de l’émotionnel..

Fabienne : je dirais..

Michel : tu confortes d’ailleurs cette thèse ?

Fabienne : oui, je dirais comme je l’ai dit hier, à la limite il faut le révéler. Comme [inaudible] il faut révéler l’affect donc au lieu d’essayer actuellement de s’en débarrasser il faudrait [72 mn] plutôt le répérer parce que pour moi c’est la face cachée voilà..

Michel : Donc si on le révèle pas c’est un retour du refoulé..

Fabienne : oui.

Michel : comme le disait Marcelle. Comment faire en sorte qu’il puisse se révéler et tout en permettant un travail ou une activité qui soit quand même intellectuelle ? c’est ça la question

Martine : Jean-François

Jean-François : Moi.. moi je souhaiterais reformuler ce que le reformulateur a reformulé à propos de ce que j’ai dit et euh.. ¤¤ donc c’est remonter à il y a longtemps parce que j’ai eu l’impression Michel que tu avais.. compacté.. fait.. fait un paquet.. bang de.. de quelque chose et, j’essayais de faire une distinction quand même.. dans.. euh.. dans l’affect puisque l’a.. l’af.. l’affect pour moi enfin c’est pas quelque chose qui est monolithique comme ça et puis.. il y de l’affect, de l’émotion, il y a des.. des glissements de sens, de termes.. enfin c’est un peu.. enfin il y a peu être des affects + au niveau du café-philo c’est ce que [73 mn] j’ai voulu dire dans.. le pathos c’est un affect particulier qui renvoie à une certaine souffrance quoi et + je.. pour.. pour faire court.. pour faire court euh.. je ferais une distinction que faisait euh.. Alquié dans Le désir d’éternité entre l’amour passif et l’amour actif qui reprenais..

Yannis : tu avais dit que tu ne faisais plus de citations...

Jean-François : j’ai pas dis ça, j’ai dit que je ne lisais plus. Et.. et ¤¤ et donc qui faisait.. qui.. qui.. qui distinguait entre l’amour passif et l’amour actif entre l’amour action et l’amour passion et peut-être que y’a des affects qui sont du côté de la passion, du passif, du pathos de.. qui sont justement peut-être à.. à.. éliminer ou à chercher à éliminer du café-philo et des affects qui sont du côté de l’action qui sont.. qui sont.. vraiment à euh.. qui sont co-naturels à la raison et qui.. qui [74 mn] pour moi peut-être, je fais court, je l’expliquerai pas, est la raison. Il n’y a peut-être pas de différence entre la raison et l’amour mais l’amour action, l’amour intellectuel comme disait Descartes dans.. dans une des lettres à Chanut et le.. pour rebondir sur la reformulation.. pour rebondir sur la reformulation, moi quand je vois cette reformulation en définitive on passe toujours par toi [Michel] et au fond tu m’empêches d’aimer les autres ici ++ [rires] et de débattre avec eux au fond tu m’empêches de débattre avec eux et de les aimer voilà..

Michel : moi je t’aime bien Jean-François. ¤¤

Jean-François : Je sais [rire puis rires].

Michel : je vois ce que nous propose Jean-François c’est d’aborder le problème autrement, c’est-à-dire on disait que faire avec l’affect dans un café-philo une des réponses c’était.. euh.. y’a des affects qui ont leur place, y’a des affects qui n’ont pas leur place. Une autre réponse c’était ça dépend des moments. Toi tu fais une autre réponse, tu dis ça dépend de la nature de l’affect et à ce niveau là il faut définir il faut définir des affects un peu passifs, pathos, des affects qui seraient plutôt.. plutôt action. .. consensus là-dessus. Tu pense que le problème au niveau générique de l’affect mais au niveau de la classe de tel ou tel affect particulier ce qui modifie la question.

Martine : Yannis

Yannis : il m’a provoqué parce qu’il a parlé d’aimer. Je ne vais pas tomber dans le piège mais je vais quand même aller dans le sens de Jean-François au niveau de la question technique. Moi j’aurais une question justement à Michel c’est.. si on conclut chacun quand on intervient en se reformulant nous-mêmes vas-tu le faire toi-aussi ou pas ? euh.. Autrement dit, serait-il possible d’essayer d’autogérer autant que possible cette phase demandée par le dispositif ? Ou encore euh.. dans ce cas un animateur peut-il valoir.. faire valoir son droit au chômage ? Ou ¤¤ enfin doit-on encourager à l’irresponsabilité [76 mn] passive les participants pour éviter le licenciement de Michel Tozzi ? [rires] parce que vraiment.. c’est vrai que euh.. [Yannis siffle trois fois comme le train ?] mais c’est.. par contre ça me confirme que le triangle, pas oedipien, mais le triangle café-philolien que tu.. dont tu parles fréquemment, ça me semble être un triangle dont le pôle qui semble être philosophique est un pôle didactique. Ca me confirme vraiment que.. euh de mon point de vue, que nous avons un pôle peut-être démocratique avec un objectif démocratique ¤¤ la.. la.. l’utopie démocratique, le pôle sans doute convivial de l’environnement et le pôle plutôt didactique, la philosophie se trouvant quand même beaucoup plus au centre que tu ne sembles le mettre dans ton hypothèse. Remarque en passant : par contre je ferais certainement un peu de chimie euh..

Mirelle : ah non.

Yannis : non.. non, c’est pas ce que.. [rires] non c’est par rapport à ¤¤ à ¤¤ à ce qu’a dit euh... non [77 mn] mais c’était simplement parce que je me méfiais de.. de.. d’ailleurs je ne terminerai pas en me reformulant sur le chômage, mais par contre pour Michel S. qui euh.. qui essayait de rapprocher affect et opinion, et puis pourquoi pas ajouter le vécu ? moi je proposerais comme métaphore que la molécule d’opinion euh... aurait une fonction affect +++ aurait une fonction affect favorisant son rattachement au sujet, à son vécu et plusieurs fonctions présupposées qui caractérisent l’opinion et que la démarche philosophique serait d’amputer la molécule euh.. de l’affect ++ puis sereinement d’examiner les présupposés pour aboutir à l’atome qui nous intéresse dans l’opinion, c’est à dire l’idée. ++ voilà, bon courage pour la reformulation et vous remarquerez que j’ai fait un effort pour.. pour éviter toute connotation sexuelle dans cette métaphore [rires] ¤¤¤

Michel : je crois que ce qui est intéressant aussi c’est l’usage de la ¤¤ de la métaphore euh.. dans une pensée qui se veut rigoureuse. On a vu qu’il y avait beaucoup de métaphores par exemple ce matin , qu’il y en a aussi cet après-midi, la question de savoir si la métaphore ou pense ou si elle fait penser ? Alors je crois que bon, les deux dernières interventions montrent bien que l’affect est bien là ¤ mais ce qui est intéressant c’est de voir en quoi aussi le dispositif, qu’est-ce que ce dispositif là fait de l’affect dans le vécu ? ++

Martine : Eric.

Eric : Alors une partie de mon ana.. de ce que je voulais dire a été formulé par d’autres.. personnes donc euh.. je me trouve un petit peu amputé mais ça m’a obligé à développer de.. une réflexion un petit peu différente. La première c’était juste un retour sur la question du rapport entre affect et inconscient, affectivité de l’inconscient. Personnellement je m’inscris totalement en faux dans la réduction de la notion d’inconscient uniquement l’affectivité ou l’irrationalité. Je considère que l’inconscient, ça c’est une déformation d’un [79 mn] certain.. on va dire d’une certaine culture freudienne ? qui réduit la problématique de l’inconscient uniquement à l’irrationalité. On peut trouver dans l’inconscient des éléments parfaitement rationnels qui se structurent d’un point de vue cohérent. Je ne mettrais pas une différence dans la manière par exemple de.. l’un serait rationnel et l’inconscient serait irrationnel, on considère qu’on peut trouver de l’irrationnel dans le conscient comme de la rationalité dans le conscient et de l’irrationnel du re.. du rationnel aussi dans l’inconscient. Ca va dépendre plutôt à mon avis comment va fonctionner globalement l’orientation de la.. de la personne, de l’individu, et qui transpose, on va dire, sa manière générale de fonctionner tantôt de manière consciente, tantôt de manière inconsciente. De toute façon comme on est toujours un petit peu des deux côtés, dans notre inconscient on a aussi du rationnel, de l’irrationnel. Pour moi, l’un ne se réduit pas à l’autre. La deuxième idée que je voulais dé.. développer ? c’était pour.. pour élargir je dirais la notion de débat. Euh.. c’est sûr que nous sommes confrontés dans cette question du.. des cafés-philo ou des pratiques similaires, c’est une rencontre d’individu à individu de toute façon. Donc là, l’affectivité à une part, je dirais, où le relationnel quel qu’il soit est incontournable. Qu’est-ce.. peu importe ce qui va se passer après, quand on va dans un café-philo on rencontre des personnes. Donc ça c’est un.. un fait absolument incontournable. Par contre est-ce que dans la question du débat philosophique, est-ce qu’on ne fait qu’appréhender des idées par la rencontre personnelle ? Par exemple, quand je vais lire le livre d’un auteur quelconque.. de quelqu’un.. voire moi-même quand je vais débattre à une idée.. est-ce que.. je ne pense par exemple que dans le cadre du café-philo, Dieu merci, je l’espère aussi pour vous ça m’arrive de penser en dehors du café-philo en étant parfois sous ma douche, donc dans ce cadre là par exemple, je peux avoir, non je ne le dirais pas, ¤¤ je peux avoir peut-être ma subjectivité ¤¤ mais quand je vais lire un livre je ne rencontre pas la personne, ou quand je pense par exemple à une idée qui me.. qui me vient [81 mn] comme ça, on quand j’approfondis une idée, j’ai peut-être ma part de subjectivité mais je ne rencontre pas forcement l’affectivité ou la subjectivité de l’autre. Quand par exemple vous lisez un livre de Descartes ou de Platon, je ne rencontre pas ni Descartes, ni Platon en personne, tout au plus je vais peut-être rencontrer l’idée que je m’en fait d’eux à la lecture. Or, combien de fois ce que.. va exposer comme idée et la manière de le dire un auteur peut-être très différente de la personnalité qu’il a. Donc j’introduirais peut-être une.. une nuance qui peut.. qui peut nous être.. nous amener dans un développement beaucoup plus vaste, à savoir que peut-être on a aussi des.. des débats.. euh.. d’idées, conceptuels qui passent par d’autres formes j’allais dire de.. d’affectivité ou de subjectivité. C’est-à-dire qui.. quand vous lisez un livre vous pouvez être pour, vous pouvez être contre, vous pouvez être séduits ou rebutés, à ce moment-là vous passez par l’objet, vous passez pas par la personne en tant que telle. A mon avis ça peut introduire des.. des réflexions intéressantes comme quoi ça peut élargir le.. le problème et ça par contre on peut le retrouver dans un débat au sens d’un café-philo puisque il y a des gens qui vont parfois parler du livre qu’ils [82 mn] ont aimé. Or dans ce livre qu’il ont aimé, ils y mettent.. ils y émettent, et ils y mettent leur subjectivité mais c’est pas forcément celle de l’auteur + peut-être que dans la réalité l’auteur est absolument exécrable, mais ça je le saurai pas en lisant le livre. +++ +++

Martine : alors Raphaël et..

Raphaël : très court.. très court, je vais négocier mon intervention. Non simplement je ne suis pas très sûr.. je ne suis pas sûr que l’affect est obligatoirement au cœur du cognitif. Ce dont je suis sûr.. ¤¤

Martine : plus fort.

Raphaël : je ne suis pas sûr que l’affect soit vraiment le centre.. au centre du cognitif en.. en revanche je suis à peu près sûr qu’il est toujours au centre du discursif + et que la situation euh.. la situation de l’interlocution de café-philo est une situation qui effectivement implique.. est une situation impliquante hein.. et je pense que, c’est pour ça que je vais rester très court, je vais pas développer [83 mn] hein.. mais je pense..

Michel : si tu pouvais préciser.. deux mots.. quand même cette distinction conceptuelle entre cognitif et discursif ?

Raphaël : je pense que les deux.. enfin je pense que on peut se retrouver dans des situations cognitives qui sont non-impliquantes, je peux travailler à ma table, à mon bureau en lisant des bouquins etc. Mais je peux être dans une situation de travail cognitif à travers une situation qui est basée sur les règles discursives hein.. et là je suis obligé de.. de m’engager, je prends le risque d’être sous votre jugement et votre perception. Mon corps est présent etc. Donc que.. je trouve que le laboratoire que représente le café-philo, à ce niveau là, dans ces affects ordinaires de la communication euh.. des gens ordinaires d’ailleurs parce je suis, et je m’arrêterais là parce que je parle depuis un bout de temps, je suis frappé que finalement ce qui est analysé ici c’est un peu un point de vue de professionnels du discours oral soit c’est votre profession soit c’est vos habitudes etc. Pensez une chose, je reviens toujours à ces participants qui m’intéressent parce que c’est ce du travail obscur et intime qui se fait chez les gens ordinaires qui ont soif de philosophie [84 mn] euh.. la sa.. le savoir, le risque qu’il pranent et la situation extrêmement impliquante de passer du silence à euh.. à euh.. à.. à l’expression.. à l’expression... je ne vais pas plus loin mais je voulais parler du discursif.

Michel : on pense avec sa parole et on parle avec son corps et dans un café-philo dans une relation qui ne peut pas ne pas être interpersonnelle, c’est ce qu’il me semble avoir compris des deux dernières interventions, ce qui fait peut-être la spécificité du café-philo je veux dire que, on est confronté à.. à une altérité, incarnée quoi ! ce qui fait toute la différence du débat qu’on peut avoir avec des auteurs quoi. Ca effectivement.. alors le problème est de savoir si.. si dans cette rationalité qui est imbibée de relation disons interpersonnelle euh la re.. la rationalité y gagne.. qu’est-ce qu’elle a à y gagner ? Surtout quand y’a aussi la rationalité de l’inconscient qui est de toute façon à l’œuvre dans.. dans les relations interpersonnelles [85 mn]. ++

Martine : alors il reste Francis et Jean-Philippe et puis ensuite ce sera Daniel pour la conclusion. Alors Francis

Francis : ++ euh.. j’étais parti sur le euh.. les.. les.. dangers en fait. Quels dangers ça peut présenter euh.. finalement de se laisser aller à l’affect ou de se livrer à son vécu ? Et j’en vois deux comme ça qui me viennent à l’esprit euh le premier c’est subir, c’est-à-dire euh si je fais référence par exemple on a parlé d’identifier ses présupposés heu, j’ai une prise de position mais je n’ai pas forcément identifié les présupposés sur lesquels ça repose. Ca c’est un acte euh.. arbitraire, passionnel, subjectif fondateur qui ne regarde que moi mais, si je l’ai identifié, après ça je vais en tirer des conséquences logiques. Si je ne l’ai pas identifié, je ne serais pas [86 mn] en.. cohérence avec moi-même, parce que je vais je vais par exemple croire que j’aime les gens et puis je vais faire des actes qui vont m’amener à les détruire par exemple. Euh.. et donc euh.. c’est.. c’est.. le risque, et là il y a différents niveaux d’affects hein l’affect il est changeant par exemple, puis il y a des émotions qui sont plus profondes et plus durables euh.. c’est de subir ça et d’autre part c’est dans la relation de rentrer.. de ne pas faire la distinction entre personnes, idées, et donc d’impliquer les affects, de rentrer dans des conflits ça pour moi c’est deux points.. deux dangers donc euh... pour.. je pense que, une fois qu’on a géré la.. qu’on a.. distingué ça, on a distingué le niveau d’affect auquel on a affaire, on a identifié ses présupposés on peut euh... on peut.. et alors c’est un.. alors pour répondre à ce que disait Marcelle, ça c’est un moment très particulier et j’ai eu un sujet de dissert un jour qui était penser [87 mn] : c’est se retenir d’agir. Dans la vie de tous les jours, on agit constamment et puis y’a des moment où on se retient + et.. et ça ne dure qu’un instant, c’est une espèce d’utopie et puis après ça on repart mais cette utopie, elle nous remet sur les rails. ++++++

Martine : Jean-Philippe

Jean-Philippe : + ouais y’a eu un moment dans la reformulation de.. de Daniel qui.. qui.. il a dit un mot comme ça et puis d’un seul coup je me suis dit bon sang mais c’est bien sûr. C’est le mot sentiment et je me suis dit : voilà ce qui pour moi.. tu as reformule le mot sentiment.. ¤ tu as reformulé le mot sentiment, j’ai entendu ça dans ta reformulation même si tu l’as pas inventé..

Daniel : non, je l’ai pas inventé..

Jean-Philippe : d’accord et là je me suis dit, bon sang mais c’est bien sûr, cette reformulation là passe dans cette synthèse parce que je me suis dit voilà ce qui illustre parfaitement le débat + philosophique. C’est le mot sentiment, parce qu’on fond qu’est-ce que un.. un.. sentiment ? [88 mn] c’est d’un côté une émotion qui est euh purement du domaine de l’affect, les émotions de joie, de tristesse par exemple ou de colère ou de peur et puis le sentiment c’est fait d’une émotion d’une de ces quatre là pour l’amour par exemple y’a la joie plus ++ plus la morale, le jugement de valeur c’est-à-dire finalement dans l’amour il y a la joie mais aussi une idée de valeur là-dedans et le jugement de valeur qui renvoie à la morale ça c’est de la philosophie + et le débat philosophique est donc fait.. l’affect qui a comme propos de donner du sens, de chercher des repères cette [inaudible] c’est finalement le sentiment et c’est construit exactement pareil et ce débat c’est au fond la même définition que le sentiment d’un côté la recherche de sens et de valeur de l’autre côté l’affect, l’émotion qu’on ne peut pas évacuer. Voilà peut-être ce qui se passe dans un débat philosophique c’est le sentiment. [89 mn] ++++

Martine : et..... Philippe.... Daniel si tu peux.. conclure ?

Daniel : oui ++++ il me semble qu’y a quand même une grande idée qui.. qui est.. qui est reprise, abordée par tous les bouts dans cette euh.. deuxième partie compte tenu du fait que euh bon consensuellement.. oui.. consensuellement on pense que.. que l’affect ?? l’idée c’est de plus en plus qu’il s’agit.. que ce qui est important finalement c’est d’arriver à prendre en compte à.. et à différencier les euh.. les différents niveaux je.. vous allez voir que c’est quelque chose qui.. qui revient vraiment très.. très.. très très souvent de savoir finalement dans quoi on est de prendre conscience de.. de ce qui nous meut [90 mn] ++ de euh.. comment dire ? de.. de ne pas se couper de.. de ce qui de toute manière est là et reviendra par la fenêtre si euh si on le jette pas la porte enfin y’a toujours un petit peu cette cette idée il me semble qu’il.. qui traverse le débat de ce.. cette deuxième partie. Alors plus dans le.. peut-être dans le détail.. les cinq ou six idées que j’ai ?? euh.. si l’affect est au cœur du cognitif, il faut qu’on arrive à aller plus loin c’est-à-dire à montrer en quoi l’affect est au cœur de ce cognitif.. euh.. ou du discursif alors euh.. c’est une nuance qui m’a parue euh quelque chose d’important à savoir que euh.. oui il faut que je parle plus fort mais j’ai du mal. Alors le discursif ça se distinguerait peut-être de manière un peu euh fondamentale le discursif du cognitif c’est que, il n’y a discursif que lorsqu’il y a parole et que.. [91 mn] donc lorsqu’il y a inter.. relation intersubjective ++ euh.. alors bien sûr cette question du cou.. du.. du.. comment l’affect est au cœur du cognitif en quoi l’affect au cœur du cognitif pose la question du statut du corps un petit peu dans cette affaire de la discussion philoso.. enfin de la.. de la.. discursivité.. enfin.. de la.. de la.. de l’exercice de la.. de la.. pensée euh.. comment le corps intervient euh.. et .. le.. le.. étant entendu que le corps c’est ce par quoi je suis affecté par le monde hein ou ce pour quoi.. ah c’est ça.. plutôt ce par quoi.. ++ Alors euh... on est.. on est revenu sur la différence entre le vécu et l’affect. + et je.. et je dirais aussi entre euh.. c’est là qu’on pourrait introduire la question du sentiment c’est-à-dire que euh +++ l’affect c’est quelque chose de brut le vécu c’est quelque chose de l’ordre de l’expérience et donc de la recherche de sens et ce qui est dit c’est que peut-être que la recherche de sens ça n’est pas que de la conceptualisation ++ et ce qui est dit aussi c’est que euh.. euh... ben le sentiment c’est pas l’émotion et que dans le sentiment y’a quelque chose de l’ordre.. y’a quelque chose de l’ordre.. y’a de l’émotion qui est symbolisée, qui est mentalisée et donc y’a aussi de la pensée dans l’émotion dans la.. dans le sentiment. Et c’est peut-être quelque chose qui pourrait nous faire faire un trait d’union je dirais entre nos deux.. entre nos deux registres un petit peu.. là ça me.. j’ai en vie d’introduire ce que.. ce que disait Jean-François à ce sujet qui lui distingue deux types d’affects, il me semble qu’on retrouve un peu la distinction entre affect et sentiment, en tout cas ça serait.. ça serait à creuser ça serait.. ça serait [93 mn] à discuter hein.. les affects euh.. passifs et les affects actif, l’amour action, l’amour passion.. les premiers serait à.. à.. peut-être à combattre et par contre les seconds seraient co-naturels à la raison ++ alors euh.. la question de l’inconscient qui a été abordée aussi à plusieurs reprises. +++ euh... à savoir que euh.. euh.. on peut toujours essayer d’isoler la pensée de l’affect ++ euh... l’inconscient sera toujours là quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse ++ l’inconscient est dans la raison, il se sert de la raison et donc euh.. euh moins on laisse euh.. si j’ai bien compris dans l’exemple que prenait Marcelle à propos de ce qui s’est produit dans le groupe euh aujourd’hui, moins on laisserait de place à l’affect.. moins on laisserait de place à l’affect dans la discussion [94 mn] et plus il ré.. ressurgirait sous la forme du refoulé.. du retour du refoulé ++ donc ça passe.. ça pose toujours cette question de.. de.. de l’accueil.. alors on.. on voit bien sur.. finalement euh.. il ne s’agirait pas de se couper de.. de se couper de ses émotions, de se couper de l’affect mais il s’agirait de l’accueillir, de le prendre en compte et surtout d’être capable de le reconnaître quand il est là. C’est pour ça que je disais que la grande idée c’était.. l’idée de la différenciation hein.. + être capable de le reconnaître quand il est là.. être capable de savoir se qui me meut.. alors émotion hein euh.. ça vient de « mouvoir » +++ euh... bon euh pffff ++ j’en resterais là. ¤¤

Michel : on peut avoir deux dernières minutes d’attention, parce que je crois qu’il va falloir qu’on sorte [il faisait extrêmement chaud], faudrait écouter euh.. alors un retour au ??

Paule : je vais essayer vraiment euh de.. ++ alors moi en bref de.. de ce que tu [95 mn] m’avais demandé, d’essayer de.. c’est la première fois que je fais ça donc que.. je vais sûrement pas ++ très bien faire. Essayer de cerner ce qu’était un débat philosophique. Alors moi, j’ai pas vu un moment particulier, par contre j’ai vu des.. deux petites choses philosophiques enfin des.. des moments.. des petites séquences philosophiques égrainées et le lien que je ferais entre toutes ces.. petits moments philosophiques égrainés c’est un la réapparition, la ?? du corps, en même temps que ?? en actes souvent négatifs et le.. le.. comment ça c’est joué la de faire réapparaître le corps ? En fait ça a été très drôle parce qu’en fait, l’affect on sait très bien que c’est.. c’est lié au corps. Alors, tu poses le problème